Depuis quelques années, Marie-France Bélanger, directrice générale du Cégep de Sherbrooke, constate des changements dans les besoins de formation. La relève disponible est moins nombreuse et les demandes des entreprises pour développer les compétences de leurs employés augmentent. Cette nouvelle réalité nécessite beaucoup d'adaptation et surtout une bonne dose d'innovation de la part des établissements comme le Cégep de Sherbrooke.
« On a des façons de faire et on doit les faire évoluer pour trouver une manière différente de répondre aux besoins », explique Mme Bélanger. Des outils sont déjà mis en place, comme la reconnaissance des acquis et compétences, une démarche d'évaluation permettant aux travailleurs et aux travailleuses qui souhaitent revenir aux études et développer leurs compétences de se voir reconnaître celles qu'ils possèdent déjà. Ils viennent donc chercher uniquement les connaissances qui leur manquent, tout en réduisant la durée de leur formation. « Il est difficile de retirer momentanément les employés des entreprises qui en ont cruellement besoin, alors on doit bien cibler leurs besoins et être le plus efficace possible », précise Marie-France Bélanger.
De nouveaux besoins pour une nouvelle génération
De nombreuses entreprises font aussi face à un manque de personnel causé par le nombre élevé de travailleuses et de travailleurs quittant pour la retraite. Ainsi, les employeurs sont amenés à recruter des étudiantes et des étudiants n'ayant pas terminé leur formation collégiale. « Pour certains étudiants, il devient attirant d'occuper un emploi dans leur domaine et de toucher un bon salaire sans nécessairement avoir terminé leur formation. On doit trouver des moyens pour les garder sur les bancs d'école, tout en soutenant les entreprises et organismes dans leurs besoins en main-d'œuvre », souligne la directrice générale.
De cet enjeu est né un partenariat entre le Cégep et les entreprises. Dans une douzaine de programmes techniques, les étudiants et les étudiantes qui le désirent ont accès à des stages en coexistence travail-études. Le fonctionnement est simple : ils travaillent durant l'été dans une entreprise et, par la suite, ils continuent d'y travailler durant l'année scolaire à raison de 2 ou 3 jours par semaine, selon les sessions. « Cette entente représente une chance en or pour les étudiantes et les étudiants d'acquérir plus d'un an d'expérience tout en complétant leur formation, souligne Mme Bélanger. En collaborant avec les employeurs de la région, on arrive à former des citoyennes et des citoyens diplômés qui seront des employés bien outillés pour l'avenir », ajoute-t-elle.
Un passage essentiel
Selon Marie-France Bélanger, il est primordial de former adéquatement les étudiantes et les étudiants, et de les accompagner jusqu'à l'obtention de leur diplôme. Le Cégep leur permet d'acquérir des compétences générales et spécifiques qui leur permettront ensuite d'apprendre par eux-mêmes et d'évoluer une fois sur le marché du travail. Les années sur les bancs du Cégep offrent également aux étudiantes et aux étudiants l'occasion de forger leur personnalité, d'identifier leurs forces et de travailler sur leurs vulnérabilités avant d'obtenir un emploi. « Au Cégep, ils et elles apprennent à développer un esprit critique, à s'engager dans leur communauté et à devenir des personnes plus épanouies », précise Marie-France Bélanger.
« L'important est de rester ouvert aux changements. C'est comme cela qu'on arrive à innover », conclut finalement Mme Bélanger.