Dès la création des cégeps, à la fin des années 1960, les dirigeants de ces nouveaux établissements d'enseignement ont dû faire preuve de créativité afin de former les corps professoraux qui allaient y enseigner et qui allaient élaborer les cours à offrir. René Pelletier, l'un des premiers enseignants du Cégep de Sherbrooke, se souvient très bien de ses premiers moments au collégial.
À peine un an après son embauche en tant que professeur à l'école normale des garçons, René Pelletier a été transféré au Cégep de Sherbrooke, qui regroupait, à l'époque, l'Institut de technologie de Sherbrooke, les écoles normales des filles et des garçons, l'École d'aide sociale, les écoles d'infirmières affiliées aux différents centres hospitaliers, l'École des métiers d'Asbestos, etc. S'il était habitué aux cours plus « traditionnels », monsieur Pelletier fait alors la découverte d'une panoplie de nouvelles méthodes d'enseignements.
Des expérimentations de tous genres
Les cégeps ont transformé l'enseignement post-secondaire et ont permis de lier l'enseignement général et l'enseignement technique. Ainsi, les enseignants ont expérimenté une panoplie d'approches pédagogiques afin d'améliorer l'offre de services et d'assurer la qualité de la formation.
C'est donc au milieu des années 1970 que l'on introduit une toute nouvelle approche pédagogique : le Multi. « Nous avons intégré le Multi, une approche destinée au programme de Sciences humaines, dont le but était de donner le plus d'autonomie possible aux étudiants », mentionne monsieur Pelletier. Ainsi, les étudiantes et étudiants réalisaient des projets seuls ou en groupe, sous la supervision des enseignants.
Après quelques années d'expérimentation, le Multi est éliminé au profit d'une autre approche, la Boîte à outils. Axée sur la formation de base, cette nouvelle méthode donne elle aussi beaucoup d'autonomie aux étudiantes et aux étudiants : « Le tout était centré sur la recherche en sciences humaines. Nos étudiants apprenaient à faire de la recherche documentaire, des bibliographies et plus encore », affirme l'ex-enseignant du Cégep de Sherbrooke. Toutefois, l'expérience s'avère peu concluante et le projet est abandonné, en raison du manque de participants.
À la retraite depuis 2003, monsieur Pelletier croit que l'expérimentation de nouvelles méthodes pédagogiques aurait pu aller plus loin : « Ç'a aurait pu évoluer davantage si on avait laissé une chance au projet, mais il en a été décidé autrement. C'est triste, parce que c'était très motivant pour les étudiants, mais aussi pour les enseignants. C'était dynamique! », confie-t-il.
Malgré tout, René Pelletier ne garde que de bons souvenirs de sa carrière au collégial. « J'ai eu beaucoup de plaisir à enseigner au Cégep. C'était motivant de tenter de trouver de nouvelles approches d'enseignement et nous étions fiers de représenter l'établissement. Je me suis fait des amis pour la vie et je ne garde que des souvenirs positifs du Cégep de Sherbrooke », conclut-il.