Le taux d'endettement des ménages au Canada augmente encore. Mais là, c'est un bond important. Il passe de 165% à 168%. Ça inclut l'hypothèque. Mais quand même...
À vue de nez, on parle d'un bond de 2%. L'indice des prix à la consommation est autour de 1,5%. On continue de s'endetter plus vite que l'augmentation des prix à la consommation.
La consommation est devenue la base de notre économie. Comme aux États-Unis. La génération de mes parents (j'ai 55 ans) payait à peu près tout comptant. Ils économisaient et achetaient, au bout de l'exercice, le bien nécessaire. C'est au tournant des années 1980 que papa et maman ont financé une partie de l'achat de leur véhicule. Aujourd'hui, faites le test, la majorité des gens ne connaissent pas le coût réel de leur voiture, mais connaissent par cœur leur mensualité.
On peut se dire que tout cela n'est pas si grave. Que l'argent est là pour rouler. Qu'il n'y a rien de mal à s'endetter. On peut se dire tout cela. Mais il faudra quand même trouver un autre mot pour nommer notre système.
Le Larousse nous dit ceci à propos du capitalisme (entre autres définitions sur le sujet): système de production dont les fondements sont l'entreprise privée et la liberté du marché.
Je sais, on pourrait débattre de la définition, la modifier, la compléter, la nuancer. Et on aurait raison.
Système de production... La production est de plus en plus exclue de la vitalité économique de notre société. Pourtant, c'est un de ses fondements vitaux. Pour maximiser le profit, on a sorti la production du pays. Marché oblige, argue-t-on avec justesse. Mais une triste justesse. Une justesse qui tasse la justice sur son passage. À la base, l'accumulation de capital impliquait un retour en salaires et en bénéfices auprès des travailleurs. C'est de moins en moins le cas. Et, au nom de la performance des grandes sociétés, on refuse de leur demander des impôts plus grands pour palier et on tolère assez ouvertement les évitements fiscaux.
Si ce n'est pas un déficit dans la balance théorique, je ne sais pas c'est quoi...
L'an prochain, rien ne nous dit que le taux d'endettement va diminuer. En fait, les chances sont qu'on franchira le seuil des 170%. Surtout avec une hausse annoncée des taux d'intérêt.
Si l'endettement augmente, que la richesse se répartit de moins en moins, que la croissance est assurée par des ajouts de personnel dans les services publics et dans les projets d'infrastructures qui, eux-mêmes, sont financés via des emprunts, il me semble qu'il y a assez de matière pour allumer le feu rouge.
Le capitalisme, sans production, devrait s'appeler autrement. Mais comment?
Et je ne suis pas si naïf. La trouvaille d'une nouvelle appellation ne réglera rien.
Il faudra bien penser autrement un de ces quatre...
Clin d'œil de la semaine
Avant, on économisait pour acheter un bien nécessaire. Maintenant, on s'endette pour acheter un bien désiré.