C'est lors
de l'organisation de la fête de Noël regroupant les membres du personnel de
notre coopérative que l'idée a surgi. Pas un coup de génie ou une grande
innovation, nenon! Mais quelque chose qui allait nous mettre en action, chacun
chez nous.
L'idée, toute simple, était de trouver une photo de soi,
durant l'enfance ou l'adolescence, idéalement, mais dans le décor familial de
Noël. Les photos seraient projetées sur écran lors du souper et il s'agirait de
reconnaître de quelle personne il s'agit dans notre univers professionnel.
L'idée avait un second objectif : via l'échange de
souvenirs des temps des Fêtes de nos enfances respectives, ramener un peu de
cet esprit heureux et doucement nostalgique.
Dans ma tête, les boîtes de photos de famille que ma maman
conserve toujours allaient regorger de ces souvenirs qui me remontaient à
l'esprit.
Toujours dans ma tête, je revoyais très clairement des
photos de ce sapin tout en aluminium qui tournait sur lui-même, éclairé de
biais par un projecteur recouvert d'un disque rotatif séparé en quatre quarts
de couleurs différentes qui venaient égayer le tout.
Pas très naturel, j'en conviens...
Je revoyais des photos du trio de cloches lumineuses qui
clignotaient dans la fenêtre de la cuisine. Et du quadrillage que je fabriquais
dans la grande vitrine du salon, comme pour rendre le bungalow familial plus
fidèle à l'image des maisons d'autrefois!
Et tant d'autres photos qu'il me tardait de retrouver!
Une fois installé devant les boîtes, j'ai réalisé que la
plupart de ces photos n'existaient pas en vrai. Qu'elles n'avaient jamais
existé, en fait ! Qu'elles étaient des souvenirs, tout simplement ! En y
repensant, dans les années 1960-70, l'appareil photo n'avait pas vraiment de place
dans les réveillons.
Et pour ajouter à ma déception, les quelques photos
retrouvées avaient terni pas mal, alors que dans mes souvenirs, pas du tout!
Dans nos fêtes de Noël en famille, les photos sont devenues
plus populaires avec l'arrivée de mes enfants, de mes neveux et mes nièces.
Dans les années 1980. Mais pour le jeu-thème de notre fête d'employés, c'était
trop tard, j'étais trop facilement reconnaissable!
La boîte à images
Je vous
raconte tout ça parce que je trouve fascinant que ma mémoire ait enregistré
autant d'images ressemblant étrangement à des photos. Un jeu d'association de
l'esprit, j'imagine.
Et je me
dis surtout que les choses ont changé de façon spectaculaire en quelques
décennies. Maintenant, les cadeaux pleuvent et chaque enfant est capté par au
moins un appareil intelligent pour gober en photos et vidéos chaque réaction
pour chaque cadeau reçu. Et gare à l'enfant : il doit bien réagir pour
faire de bonnes images!
Des
fois, c'en est presque gossant!
J'en
viens à me demander si, à vouloir tout capter pour ne pas oublier le moment
présent, on n'en vient pas à oublier de le vivre simplement.
Comme
cette habitude étrange de filmer un moment intense d'un spectacle auquel on
participe. Si l'intensité du moment est importante, laissons notre mémoire
l'emmagasiner simplement.
Nos téléphones
intelligents sont remplis de centaines de photos qu'on finit par ne jamais
regarder. Ou à peu près.
Une
image et mille mots
On dit souvent qu'une image vaut mille mots. Lors de la fête
de la coopérative, non seulement les images valaient mille mots, mais chacune
en a généré pas mal parmi les collègues! À partir d'un petit élément du décor
de Noël de l'enfance d'un ou une collègue, les discussions partaient dans tous
les sens.
Les photos évoquaient des souvenirs souvent communs, suscitaient
des échanges, nous ramenant dans ce passé personnel et en même temps collectif
qui nous a définis.
Le temps des Fêtes demeure un moment fort de mon année.
Visiblement, mes souvenirs sont d'accord avec cet énoncé!
Clin d'œil de la semaine
Des fois, je me dis que l'imaginaire est le
« photoshop » de notre mémoire...