Sylvie De Lafonfaine et Réjean Cloutier, propriétaires de la Bergerie CloDel, élèvent des agneaux pour la chair. Sur leur ferme proprette, aux couleurs joyeuses, ils ont tenté une première expérience avec les chèvres. Déçus, ils ont décidé de se spécialiser dans ce dernier type d'entreprise en vendant par eux-mêmes, à la ferme, le fruit de leur travail. Le couple souhaite bientôt en vivre. Pour l'instant, M.Cloutier s'occupe seul et à plein temps de son terrain de 70 acres.
Marie-France Chartrand, responsable du Plan de développement de la zone agricole du Haut-Saint-François, indique qu'ils sont l'image même du couple qui investit temps et argent en vue de vivre exclusivement de leur travail sur la ferme. Il s'agit d'une petite entreprise qui peut fonctionner avec des équipements relativement peu onéreux et un troupeau, somme toute modeste.
Mme De Lafontaine est attachée de direction au CIUSSS de l'Estrie - CHUS. Matin et soir, elle participe aux tâches reliées aux bons soins des animaux. Les femelles et les agneaux la reconnaissent. Ils répondent sur-le-champ à son appel quand ils sont dans l'enclos. Elle expliquait qu'ils se sont procuré des brebis F-1 pour l'agnelage, un croisement de Dorset et Romanov qui donnent de solides reproductrices qu'ils mènent au mâle, un Arcott canadien, race terminale développée au Québec.
La trentaine de femelles est accouplée une fois l'an « pour un élevage à dimension humaine », spécifiait Mme De Lafontaine. Elle préfère ne pas les épuiser par des mises bas trop rapprochées. Cette gestion du troupeau, respectueuse des bêtes, leur rapporte puisque leurs agneaux naissent forts et en santé. Le couple attend qu'ils aient atteint de 80 à 90 livres (35 à 40 kg) avant de les porter à l'Abattoir Rousseau de Lingwick où ils reçoivent la certification provinciale. M. Cloutier indique, sur ce sujet, que leur « classification est parfaite ».
Boucher d'expérience, M. Cloutier les découpe en fonction des besoins de sa clientèle. Les agneaux dépecés sont vendus entiers ou en demi-carcasse. « Lorsque je travaillais au IGA Couture à East Angus, c'était rare que quelqu'un achète un carré d'agneau à plus de 20 $ la livre, c'était trop cher », racontait-il. Aujourd'hui, il l'offre en entier ou en moitié à quelque 7 $ la livre. La bête est conservée en chambre froide pendant dix jours pour qu'elle attendrisse. Le client choisit les coupes qu'il préfère. Tout est emballé sous vide. Il peut se fier à une charte de boucher pour tirer le meilleur profit possible de son investissement.
En plus de vaquer à l'élevage de l'agneau et son traitement, le couple produit de l'ail. Cette année, ils ont planté plus de 2 000 cayeux provenant de huit variétés différentes. Déjà, au moment de l'entrevue, les pousses pointaient haut et fort, signe d'une belle récolte à venir. Pour son propre plaisir, il garde dans son pigeonnier une vingtaine de colombes blanches qu'il entraîne pour des envols de groupe lors d'évènements comme des mariages, des funérailles et autres.