Je suis amateur de musique. Comme vous, probablement.
Et de la musique, il y en a pour tous les goûts. Heureusement! L'art est une forme d'expression et si tout le monde exprimait la même chose, la vie serait plus plate!
Un phénomène, cela dit, me fascine depuis des lunes : le lien que nous entretenons avec les artistes. Au-delà de l'œuvre ou de la prestation, il y a celle ou celui qui l'a créée ou l‘interprète. Mais il vient d'où, ce contact, il vient d'où?
Une des mélodies fortes que j'ai en tête depuis des années est le « Blues du businessman » interprétée par Claude Dubois (c'est le seul qui la rend aussi bien, il me semble). Dans cette chanson, il est question de réussite en affaires et en amour. Mais il y a un mais : le gars aurait voulu être un artiste. C'est sa façon, il me semble, de dire : j'ai quelque chose à exprimer, quelque part, je le sens, mais je ne sais pas comment.
Pour moi, c'est là que l'art prend son sens. Quand une peinture m'émeut, qu'un texte me touche, qu'une mélodie me transporte, c'est comme si j'exprimais quelque chose par procuration.
Ça, c'est la relation avec l'art. Essentiel art en société.
Mais je suis fasciné par la relation qu'on peut avoir avec les artistes comme tels. On peut devenir profondément attaché à une personne, de façon parfois démesurée, par le simple fait de ce qu'elle représente. Étonnant, quand même!
Je prendrais une bière avec Zaz n'importe quand. J'aime son énergie, sa voix puissante, mais avec des ratés qui rendent ses interprétations presque sexy! Mais je ne sais rien d'elle. Elle est peut-être poche en vrai. Qui sait? Mais ce bout-là, je ne veux pas vraiment le savoir. Et ne le saurai pas, de toute façon!
Ça, c'est un exemple pour moi. Vous en avez aussi.
Dans tout ce drôle d'univers dans lequel on est attaché à quelqu'un qui ne le sait pas, il y a des « niveaux d'attachement ».
Il y a l'attachement éphémère : le coup de cœur. Vous regardez la Voix et il y a ce jeune artiste de 19 ans (mettons...). Son enfance n'a pas été aussi tendre que le prétend l'expression consacrée. Mais il chante tellement bien! (note au passage : dans ces émissions, on chante toujours mieux quand on a eu de la misère dans la vie. Ça doit faire partie du show!)
C'est le coup de cœur. Qui revient de semaine en semaine. Il a des airs de petit pitou triste. Son entourage est disparate. Un peu plus et vous vous proposez pour une adoption! Vous capotez sur son cas.
Mais bon. Il perd le concours. Il disparaît de votre écran. Et de votre vie, par voie de conséquence. Quelques semaines plus tard, vous le croiseriez dans la rue que ces problèmes ne vous affecteraient plus. « Qu'il s'arrange, il y en a d'autres qui souffrent aussi, je ne peux pas tout régler! »
Il y a aussi l'attachement-parentalo-amoureux-permanent : l'histoire d'amour. Difficile à définir. Mais voilà. Vous avez craqué pour un artiste et que ça dure depuis des années. Vous le voyez chaque fois qu'il vient en spectacle en région. Des fois, vous allez loin pour le voir sur scène. Il fait partie de votre univers. C'est comme ça. Votre entourage est au courant et vous respecte là-dedans. L'amour, c'est plus fort que la police, non? C'est quelle sorte d'amour? Vous ne sauriez le dire complètement, mais c'est là. Et c'est fort.
Ma route a croisé deux beaux exemples de l'attachement-parentalo-amoureux-permanent en assistant à l'excellent spectacle de Bobby Bazini samedi dernier. D'abord, notre amie Céline qui l'aime avec tendresse et intensité. Un presque fils, dans sa tête.
Un presque fils?
Il inspire ça, Bazini, je crois. Un air mystérieux, un passé un tristounet, une histoire dure avec son équipe de gérance, bref, un petit gars qu'on voudrait protéger. Et cajoler. Et aimer...
C'est ce que je comprends après avoir entendu mon deuxième exemple : tout au cours de la soirée, notre voisine d'en arrière dans les gradins s'émerveillait à voix haute : « ah! Il s'installe au piano! Merci Bobby, merci! » « Oh! Il fait cette toune-là, bravo Bobby! Et merci! »
Elle l'a remercié pour tout et rien. Toute la soirée. C'était moins fatigant que sympathique.
Chacun a sa relation avec l'art. Avec les artistes.
À défaut de tout pouvoir expliquer, je retiens une chose: l'art est essentiel. Il faut juste ne pas l'oublier dans le tourbillon de performances que nous commande la vie de tous les jours...
Clin d'œil de la semaine
La téléportation, vous y croyez? Essayez l'art, ça fait ça, souvent!