Ce sont des mots trop en vogue de nos jours. Et faire comme si le
problème était anecdotique serait irréaliste, voire irresponsable.
Au moment même où
nous sommes interreliés par des outils de communication
technologiques très performants, au moment même où on croit faire
partie d'un groupe quelconque, voilà que le constat frappe fort :
nos yeux, notre attention et nos doigts sont orientés vers nos
téléphones. Au fond, on est seul. On joue au solitaire, tout le
monde en même temps, chante Louis-Jean Cormier.
Au moment d'écrire
ces lignes, nous nous apprêtons à vivre une journée d'élection
générale au Canada. Une occasion de nous prononcer sur nos options
politiques dans un moment de l'histoire où tout se bouscule de
façon inquiétante parce que le tout est aussi imprévisible
qu'inconnu !
Je me demande
parfois quel poids a ma voix, dans ce nombre tellement grand...
Sans vraiment
répondre à ce questionnement, certains éléments vécus ou
constatés ces derniers jours apportent un éclairage sur le sujet.
D'abord, ces
manifestations qui se poursuivent pour dénoncer les actions de
Donald Trump. Ça me rassure. J'en ai parlé dernièrement. Ça me
rassure, parce que ce ne sont pas des gestes virtuels. Ils sont
réels. Humains. Solidaires.
Puis, et même si
c'est à une échelle bien plus personnelle, voilà qu'un
anniversaire nous a réunis avec une dizaine d'amis la fin de
semaine dernière. Au menu, discussions, rires, fous rires et bonne
bouffe. Discussions parfois philosophiques un brin, même ! Des
échanges sur cette anxiété ambiante. Cette performance qui nous
est imposée ou qu'on s'impose un peu trop soi-même, quand on y
pense.
La grande valeur de
cette sympathique soirée résidait finalement dans une chose
basique, mais essentielle : le contact réel entre des humains. Rien
que ça. Et tout ça !
Des humains heureux
d'être là qui ont ri, joué, échangé. Des humains qui
fraternisent malgré leurs différences d'âge, de travail et quoi
encore ?
Une soirée qui agit
comme un rappel amical que rien ne peut remplacer le fait de se
retrouver pour vrai.
Le pouvoir choral
Autre constat : en
fin de journée dimanche, j'assistais à la prestation du chœur
symphonique de Sherbrooke. La puissance de ces voix qui remplissent
une vaste église pleine à craquer a de quoi émouvoir.
À un certain
moment, je me suis imaginé ce que ce serait si on isolait la plus
puissante voix de ce chœur d'une centaine de personnes. Un sourire
s'est imposé. Quiconque s'égosillerait, équipé du meilleur
organe vocal possible, aurait l'air ridicule à vouloir se faire
entendre seul dans un endroit si immense.
Mais ce qui est
impossible pour une voix unique ne l'est pas pour un groupe. Cent
voix qui livrent le même texte de façon harmonisée peuvent faire
vivre un moment sonore passant d'une douceur touchante à une
puissance renversante.
Le secret ?
Le pouvoir choral.
Le nombre de voix qui s'additionnent et s'amplifient.
Parce qu'il est
là, notre pouvoir.
Il tient dans le
fait de sortir de cet isolement tellement souhaité par les
dirigeants des médias sociaux. Il tient aussi dans le fait de se
renforcer de la présence de l'autre. D'entrer en communication,
de se nourrir de cette énergie qui jaillit d'un groupe. Une
énergie capable de multiplier la puissance de notre voix.
Une notion toute
simple qu'on oublie parfois.
L'anxiété
grandit mieux en milieu clos. Sentir la force de l'autre s'ajouter
à la nôtre permet au moins deux choses puissantes : briser
l'isolement et activer la mise en action du plus grand nombre.
On peut faire taire
les voix qui s'élèvent isolément. Quand elles parlent ensemble,
qu'elles sont multiples, voilà que les voix sont beaucoup plus
impressionnantes.
Le pouvoir choral
est le meilleur antidote au poison que devient l'isolement de
chacun dans son quotidien pressurisé.
Pour l'heure, je
vous laisse. Je vais aller voter. Ma voix compte lorsqu'elle
s'additionne.
Clin d'œil de
la semaine
On peut lever son
verre, seul, à sa propre santé.
Ce serait un peu
vain... la santé se manifeste mieux quand on est entouré...