La lumière d'octobre a quelque chose de pur et de presque
magique. Quand le ciel se dévoile de tout nuage, voilà que se dessine une œuvre
artistique qui ne demande qu'à être contemplée : le déploiement du rouge,
de l'orange et du jaune des feuilles qui s'accrochent encore aux branches, le
tout sur un fond bleu immaculé, puissant et lumineux. Quand on baisse les yeux,
le ravissement est total. Les feuilles tombées composent un savant mélange de
couleurs et d'odeurs qui me rendent heureux. Tout simplement.
Pour cette raison, j'imagine, j'aime beaucoup l'automne.
Mais je dois admettre que je suis un fan des quatre saisons,
alors...
Des fois, je me dis que pareille beauté devrait nous
inspirer un sentiment qu'on a oublié depuis l'ère industrielle :
l'humilité.
Humilité au sens de l'appréciation de ce grand ballet de la
vie qui se déroule devant nous quand les cycles se succèdent sous nos yeux. Les
technologies évoluent, mais n'arrivent jamais à la cheville de ce que la nature
propose. On en arrive maintenant à documenter une compréhension assez fine de
la nature. Allez savoir si ceci explique cela, mais toujours est-il que plus on
en sait et plus on agit en maîtres à bord. Comme si nous pouvions reproduire ce cycle
dans ses moindres détails. Dit autrement, on bafoue les équilibres en place,
convaincus que nous saurons tout réparer, tout régénérer.
L'humilité n'est pas notre caractéristique principale.
Vraiment pas.
Jusqu'à ces derniers mois, j'avais l'impression qu'il y
avait une adhésion très forte autour du concept de l'effort que chacun peut
faire pour favoriser le respect de son environnement. Que même si on sait que
des gestes politiques majeurs devront être posés, on se sentait quand même
impliqués dans la solution.
Pourtant, un discours ambiant prend de l'ampleur. Basé sur
le constat que notre geste n'a pas de conséquence statistique positive dans la
globalité du problème, voilà qu'on se met à affirmer de plus en plus que,
finalement, les petits gestes individuels sont inutiles.
Je continue à croire que si je fais ce qui est à ma portée,
je ferai une différence. Pas statistique, j'en conviens, mais une différence
dans mon rapport avec l'environnement au sens large. Et cette différence est
susceptible de créer un petit courant autour de moi.
Je m'inscris contre ce discours ambiant qui ne manque pas de
rappeler que l'économie doit et devra primer sur tous le reste.
En marchant dans les rues de on quartier, j'ai été surpris
et perturbé par le nombre de souffleurs à feuilles propulsés à l'essence qui
font un tintamarre franchement désagréable en plus d'embaumer l'air ambiant de
cette douce odeur du moteur à 2 temps.
Il me semble qu'il y a là quelque chose de symptomatique de
notre façon de voir et de faire. Comment la corvée de ramasser des feuilles
a-t-elle pu prendre une ampleur telle qu'elle mérite l'achat d'un bidule du
genre?
Vous me direz que je suis de mauvaise foi, mais j'y vois une
culture du « besoin qu'on se crée » qui est nettement exagérée.
Un râteau, des sacs
de papier, quelques heures de plein air et hop, le tour est joué. On parle
quand même de lots résidentiels!
Mais visiblement, le ramassage des feuilles mortes est
devenu quelque chose qui demande une énergie outrageusement exagérée et qui
résulte en un nouveau besoin essentiel. C'est navrant.
Si on ne reconnaît pas la pertinence des petits gestes
accessibles, je me dis que quand on aura à s'impliquer pour vrai, ça va faire
vraiment mal!
Clin d'œil de la semaine
L'environnement n'est pas dans l'ADN de la CAQ et les gestes
sont timides depuis 4 ans. Et le message pour les 4 prochaines années?
« Continuons »...