Le vendredi 31 janvier dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, a rencontré les citoyens de Weedon qui manifestent toujours leur opposition au projet d'un bâtiment unique pour regrouper dans un même lieu et le CLSC et le CHSLD.
Ces personnes jugent que la fermeture de quelque 17 lits causera des préjudices sérieux à la population, au personnel et aux aînés qui y séjourneront. À la suite de cette rencontre, elles restent sur leur faim n'ayant pas reçu, selon elles, une réponse conforme à leurs attentes.
Richard Tanguay, maire de Weedon, et pour l'occasion porte-parole des opposants à la fusion du CLSC et du CHSLD dans un même bâtiment, sort de cette rencontre en annonçant « qu'on n'a pas eu la réponse qu'on s'attendait. » Pour justifier leur position, il mentionne que le ministre n'a pas du tout « remis en question le projet » que le conseil d'administration du CSSS a adopté le 18 décembre dernier. M. Tanguay laisse entendre toutefois que « des questions ont semblé troubler le ministre. » Le groupe espérait de lui un moratoire ou, à tout le moins, qu'il en fasse retarder l'exécution en attendant l'adoption du projet de loi de l'assurance autonomie.
Le porte-parole soulève le fait que des données de Mario Morand, dg du CSSS du Haut-Saint-François et des Sources, varient selon les occasions. Entre autres, il laisse entendre que des sommes attribuées aux infrastructures passeraient dans les colonnes des services et vice versa alors que ces montants devraient être cloisonnés, c'est-à-dire que ces sommes ne devraient pas changer de postes budgétaires. Ce serait à partir de ce décloisonnement que se réaliseraient les économies avancées. Encore, il fait remarquer que « les chiffres ne sont pas clairs et ils semblent changer facilement. » Pour l'exemple et selon les occasions, il mentionne que le nombre de lits a varié de 10, à 17 et même 18. Il soulève la même remarque pour leur taux d'occupation dans le CHSLD de Weedon. « Les données de M. Morand diffèrent de celles du Dr Yves St-Pierre qui a consacré plus de 40 ans à soigner les gens du secteur », rappelle-t-il. « On sait que des gens ont été refusés parce qu'on manquait de place », rappelle Richard Tanguay.
Beaucoup d'autres éléments ont été présentés au ministre pour le convaincre d'imposer un moratoire au projet, ou à tout le moins d'en retarder l'exécution. Le découpage arbitraire du territoire irrite le comité. Cela fait en sorte que les municipalités de Stratford, Disraeli et Ham Sud sont extraterritoriales. Pourtant, plusieurs de ces villages périphériques fréquentent Weedon pour les services de santé. À partir de ce découpage, ils ont vérifié ce qu'il en était des lits occupés par des gens de l'extérieur de la MRC. Le 28 janvier dernier, ils ont constaté que sur 51 patients, 8 étaient dits hors territoire. Cependant, sept d'entre eux proviennent de ces municipalités. Une seule vient de Sherbrooke.
M. Tanguay déplore aussi le fait de confier à l'entreprise privée une dizaine de chambres réservées à des personnes qui ont des troubles cognitifs modérés. « J'ai tendance à craindre, avec ce que j'ai vu en santé mentale dans le privé », avoue le maire. Selon ses dires, il existerait 2 normes différentes entre le privé et le public alors que les deux devraient avoir les mêmes. « Ce qui me fatigue avec ça, c'est le bénéfice à tirer quand on fait ça avec des personnes », complète-t-il.
Demande d'enquête
Claude-Gilles Gagné, pour sa part, demande au ministre de commander une enquête sur des « anomalies, des incohérences, des irrégularités ». La fermeture de 17 lits causerait la perte de 10 emplois. Pourtant, M. Morand annonce l'embauche de 3 personnes supplémentaires avec les économies réalisées. Selon M. Gagné, cela ne comblerait pas les besoins. Il y aurait trop de temps consacré aux déplacements et en « temps paperasse ». Encore, le problème du stationnement à lui seul pourrait bloquer le projet. Il serait impossible de trouver l'espace suffisant pour l'aménager à moins d'acheter une propriété voisine, auquel cas, les réserves y passeraient. De plus, « ramasser les résidents à l'étage lorsque les travaux seront terminés équivaudrait à les mettre en prison », ajoute-t-il. C'est sans compter les risques de contagion, la chaleur excessive due à la verrière qu'on veut installer du côté sud. Enfin, M. Gagné complète en rappelant que des rumeurs persistantes concernent l'élection de M. Morand à la direction des deux CSSS. Il suggère aussi que des pressions indues auraient été exercées sur certains membres du conseil d'administration du CSSS, d'adjoints à la direction et des employés. Pour appuyer ses dires, il mentionne que lors de la visite d'un cameraman, tout le personnel présent s'est éclipsé pour ne pas avoir à parler. Enfin, il avance que la vente de l'édifice du CLSC actuel serait « un tour de passe-passe entre amis », soutient-il.
Les tensions au sein du village et les relations difficiles entre la direction et une partie des résidents de Weedon et des environs sont persistantes. La visite du ministre n'a pas convaincu les opposants au projet, c'est le moins qu'on puisse dire.
Définition de « domicile »
Interrogé sur la définition du mot « domicile » utilisé dans l'expression « maintien à domicile », M. Morand répond ceci: « Pour nous, le lieu de résidence c'est toute maison, chambre ou loyer en dehors d'un CHSLD. » Il poursuit en écrivant que « le service offert est selon le besoin de la personne en prenant en compte le support de la famille ou des aidants et le service offert par la résidence pour personnes âgées lorsque c'est le cas. Le service peut être offert par notre personnel, le personnel de la résidence ou une ressource privée (après entente). L'évaluation est faite par une ressource professionnelle (infirmière, ergothérapeute ou travailleur social) et discutée (sic) en équipe multidisciplinaire. » Pour de plus amples informations sur le sujet, il a mandaté Louise Constantin, responsable du programme Soutien à l'autonomie des personnes âgées à l'Agence de la santé et des services sociaux, pour en fournir la définition sur laquelle s'appuie le MSSS. Les gens qui désirent fouiller la question peuvent consulter le document « Précisions pour favoriser l'implantation de la politique de soutien à domicile », où la « notion du domicile » ou lieu de résidence a été défini en pages 5 et 6.