Ce qu'on
voit ou perçoit de ce qui se passe tout autour de nous est directement biaisé
par ce qu'on a vécu. Par ce qui a meublé et meuble encore notre route.
Ce n'est
ni bien ni mal, c'est juste comme ça.
Ainsi,
quand je pense à mon séjour à l'école primaire, je revois deux écoles, une
directement collée sur l'autre. La première accueillait les 1ère, 2e
et 3e année, alors que l'autre complétait jusqu'à la 7e,
devenue facultative juste avant que je ne l'atteigne!
Je me
vois descendre en courant la petite côte Denault, entre le parc Marin et la
maison familiale, peu avant midi, chaque jour de semaine. Je rejoignais ma mère
qui avait nécessairement préparé un repas complet. Papa nous rejoignait pour
dîner aussi. Et rapidement, je repartais vers l'école pour l'après-midi!
Je me
rappelle également la routine de mes enfants sur le même circuit de l'école
primaire.
Je
ramène aujourd'hui ces souvenirs pour exprimer que mes référents scolaires sont
heureux. Il n'y avait "pas de folies à faire", comme le disait ma
mère, mais on avait tout ce qu'il nous fallait. Je dirais que nous vivions dans
une famille aux revenus juste assez modestes pour qu'on apprenne à apprécier ce
que l'on a.
Si on me
demandait de dessiner la réalité des enfants au primaire, ce seraient là les
premières images qui me viendraient en tête.
Puis, il
y a eu vendredi dernier. Un vendredi lumineux qui a su braquer le projecteur de
sa lumière sur une réalité que je soupçonnais, mais que je ne concevais pas
concrètement.
J'étais
invité à l'inauguration officielle de la Maison de la famille les Arbrisseaux
du Val St-François. Ils comptent maintenant sur un bâtiment qu'ils possèdent et
qui rend possible une pléiade de projets.
Mais ce
qui m'a frappé, lors de la visite guidée des lieux, c'est l'étendue des
besoins.
Et
n'allez pas croire qu'ils avaient une ligne éditoriale destinée à montrer les
besoins à tout prix. Pas du tout. J'y ai plutôt retrouvé une équipe dynamique
qui anime avec passion une série d'ateliers et de ressources formidables.
J'avoue
que j'ai été ébranlé par le nombre de ces ateliers et de ces activités. Par
l'amplitude des services offerts. Par l'originalité des moyens en place pour
mettre la solidarité de l'avant sans que la pitié soit invitée.
L'affaire,
c'est que ma réalité n'a que peu à voir avec la réalité du quotidien de
centaines de familles qui ont perdu leurs repères de façon plus ou moins
momentanée et qui font face à des défis de pauvreté, de solitude, de manque de
biens de base, mais qui ont le souhait cher de bien guider leur progéniture
vers l'âge adulte.
Une
visite marquante.
Pour
moi, il y a toujours eu une maison. Une famille. Ma perception est biaisée par
ce concept.
Que tous
ces besoins soient là, tout près, sans que je ne les imagine vraiment démontre
bien la conséquence première de notre mode de vie chacun-pour-soi.
Je salue
toutes ces personnes qui travaillent, jour après jour, animées par la passion
et une créativité contagieuse, à rebâtir des repères à celles et ceux qui en cherchent.
Je salue
ces personnes qui ajoutent, inlassablement, au gré des jours, des briques à
cette maison. Cette maison pour la famille.
Clin
d'œil de la semaine
« On
a ce qu'on mérite dans la vie! »
« Allez,
viens t'asseoir, on va jaser... »