Drôle d'époque, quand même!
Il s'est passé, quoi, 70 ans environ depuis la saison de
tous les possibles qui a suivi de près la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Une période folle! Les voitures américaines étaient non seulement très grosses,
mais elles étaient souvent signées du sceau de la splendeur et de la
flamboyance. Rappelez-vous des ailes arrière des Chevrolet Bel-Air (ma photo) ou
des Chrysler 300 rouge vif (entre autres)! Des ailes allongées et effilées orientées
vers l'infini! Une sorte d'ode au fait de fendre l'air et d'affirmer sa liberté
et sa joie d'être invité au grand buffet des possibles!
Encore aujourd'hui, quand je marche annuellement entre les
voitures de l'immense exposition des voitures anciennes de Granby, c'est à ce
sentiment nostalgique heureux que j'essaie de me raccrocher.
70 ans plus tard, on s'aperçoit que tout ce qui a été fait,
des choses élémentaires aux plus exubérantes, avait un impact sur notre
environnement.
Le message des politiciens du temps vantait le précieux rêve
américain. Ce rêve universel qui véhicule le fait qu'il suffit de vouloir au
pouvoir. Si tu le veux, tu le peux!
Quand j'entends cette phrase somme toute assez insipide, je
vois, en arrière-plan, une voiture décapotable de 1957, stationnée devant une
maison blanche de deux étages aux fenêtres quadrillées et aux volets noirs.
Comme élément décoratif, une pelouse de type terrain de golf et des conifères
taillés pour leur procurer une forme originale...
Un sourire nostalgique éclaire temporairement mon visage.
Pour ma blonde et moi, c'est clair depuis des lunes : si on pouvait se
téléporter dans le temps, on aurait eu 18 ans en 1955. Les crinolines, le
rock'n'roll et les juke-box viennent s'ajouter à mon image de la maison et de
la voiture rouge et blanc.
Le sourire au goût de cendre
Le débat Trump-Harris a accentué ce goût de cendre qui
accompagne maintenant les rires de plus en plus jaunes qui naissent à la suite
des déclarations niaises d'un Trump déchaîné.
Le make America great again, pour moi, est la
promesse que tout redeviendra comme en 1955. Que maman sera au foyer et
attendra le valeureux papa qui ramènera les sous disponibles pour la
construction de notre rêve personnel. Et on ne manquera pas de remercier Dieu (le
nôtre, là, le bon! Je veux dire pas celui des immigrants...) de toute cette
chance qui nous est donnée.
Et les immigrants sont non seulement honnis, mais ils ont la
paternité de tous les vices, pour Trump!
Là où l'histoire vire au pathos, c'est quand le tissu de
mensonges et d'inventions est cousu de façon à faire croire que tout peut
revenir comme avant.
Ironiquement, la voie que Trump préconise pour faire croire
que c'est possible de tout refaire est celle qui vient enlever des droits et
libertés aux individus. Une voie qui ramène les pouvoirs entre ses mains
puissantes, qui refermera les États-Unis sur eux-mêmes, qui se foutra (comme en
1955!) de l'environnement et des changements climatiques. Le bonheur
appartiendra à ceux qui le méritent, selon ses critères à lui.
S'il obtient la majorité à la chambre des Représentants et
au Congrès, ce sera vraiment dangereux. Ajoutez à cela le fait que la
toute-puissante Cour suprême est maintenant mue par une majorité de gens aux
pensées ultraconservatrices et voilà, le portrait est tout tracé : on se
retrouverait en présence d'une forme de gouvernance totalitaire. Tout cela
alors qu'il accuse les Démocrates de vouloir faire la même chose.
Et pour arriver à ses fins, il utilisera les quelque 50
prochains à jouer au semeur de haine et d'intolérance.
Une chose demeure, qu'il soit élu ou non : cette
semence de haine et d'intolérance poussera dans le cœur et la tête de millions
d'Américains.
Le goût de cendre vient de là, précisément...
Clin d'œil de la semaine
Il me revient une vieille expression, quand j'entends
Trump : « Coudonc, y a-tu mangé du chien enragé, lui? »