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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Un sourire au goût de cendre

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 16 septembre 2024

Drôle d'époque, quand même!

Il s'est passé, quoi, 70 ans environ depuis la saison de tous les possibles qui a suivi de près la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une période folle! Les voitures américaines étaient non seulement très grosses, mais elles étaient souvent signées du sceau de la splendeur et de la flamboyance. Rappelez-vous des ailes arrière des Chevrolet Bel-Air (ma photo) ou des Chrysler 300 rouge vif (entre autres)! Des ailes allongées et effilées orientées vers l'infini! Une sorte d'ode au fait de fendre l'air et d'affirmer sa liberté et sa joie d'être invité au grand buffet des possibles!

Encore aujourd'hui, quand je marche annuellement entre les voitures de l'immense exposition des voitures anciennes de Granby, c'est à ce sentiment nostalgique heureux que j'essaie de me raccrocher.

70 ans plus tard, on s'aperçoit que tout ce qui a été fait, des choses élémentaires aux plus exubérantes, avait un impact sur notre environnement.  

Le message des politiciens du temps vantait le précieux rêve américain. Ce rêve universel qui véhicule le fait qu'il suffit de vouloir au pouvoir. Si tu le veux, tu le peux!

Quand j'entends cette phrase somme toute assez insipide, je vois, en arrière-plan, une voiture décapotable de 1957, stationnée devant une maison blanche de deux étages aux fenêtres quadrillées et aux volets noirs. Comme élément décoratif, une pelouse de type terrain de golf et des conifères taillés pour leur procurer une forme originale...

Un sourire nostalgique éclaire temporairement mon visage. Pour ma blonde et moi, c'est clair depuis des lunes : si on pouvait se téléporter dans le temps, on aurait eu 18 ans en 1955. Les crinolines, le rock'n'roll et les juke-box viennent s'ajouter à mon image de la maison et de la voiture rouge et blanc.

Le sourire au goût de cendre

Le débat Trump-Harris a accentué ce goût de cendre qui accompagne maintenant les rires de plus en plus jaunes qui naissent à la suite des déclarations niaises d'un Trump déchaîné.

Le make America great again, pour moi, est la promesse que tout redeviendra comme en 1955. Que maman sera au foyer et attendra le valeureux papa qui ramènera les sous disponibles pour la construction de notre rêve personnel. Et on ne manquera pas de remercier Dieu (le nôtre, là, le bon! Je veux dire pas celui des immigrants...) de toute cette chance qui nous est donnée.

Et les immigrants sont non seulement honnis, mais ils ont la paternité de tous les vices, pour Trump!

Là où l'histoire vire au pathos, c'est quand le tissu de mensonges et d'inventions est cousu de façon à faire croire que tout peut revenir comme avant.

Ironiquement, la voie que Trump préconise pour faire croire que c'est possible de tout refaire est celle qui vient enlever des droits et libertés aux individus. Une voie qui ramène les pouvoirs entre ses mains puissantes, qui refermera les États-Unis sur eux-mêmes, qui se foutra (comme en 1955!) de l'environnement et des changements climatiques. Le bonheur appartiendra à ceux qui le méritent, selon ses critères à lui.

S'il obtient la majorité à la chambre des Représentants et au Congrès, ce sera vraiment dangereux. Ajoutez à cela le fait que la toute-puissante Cour suprême est maintenant mue par une majorité de gens aux pensées ultraconservatrices et voilà, le portrait est tout tracé : on se retrouverait en présence d'une forme de gouvernance totalitaire. Tout cela alors qu'il accuse les Démocrates de vouloir faire la même chose.  

Et pour arriver à ses fins, il utilisera les quelque 50 prochains à jouer au semeur de haine et d'intolérance.

Une chose demeure, qu'il soit élu ou non : cette semence de haine et d'intolérance poussera dans le cœur et la tête de millions d'Américains.

Le goût de cendre vient de là, précisément...

 

Clin d'œil de la semaine

Il me revient une vieille expression, quand j'entends Trump : « Coudonc, y a-tu mangé du chien enragé, lui? »


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