André Roy, président du Syndicat des producteurs de bois de l'Estrie (SPBE), s'interroge sur les raisons des écarts entre l'apport pécuniaire que la politique gouvernementale de financement maintient pour les travaux effectués en forêt publique contre ceux entrepris par les propriétaires de boisés. L'inadéquation entre les subventions de 450 M$ accordées pour les années 2014-2015 et 2015-2016 pour la gestion du territoire forestier collectif et les subsides versés au privé lui semblent problématiques.
Aux détenteurs d'espaces boisés, le gouvernement propose le Programme de remboursement des taxes foncières (PRTF) jusqu'à la concurrence de 85 % et le Programme d'aide à la mise en valeur des forêts privée (PAMVFP) de 28,5 M$ pour l'Estrie, la Montérégie et Chaudière-Appalaches. S'ajouteront les crédits que l'Assemblée nationale s'apprête à quantifier.
Pour faire suite aux propos du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui annonçait cette subvention de 450 M$, Marc-André, Côté, directeur général de la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ), craint que les libéraux « ignorent l'importante contribution des 130 000 propriétaires de forêts privées à l'économie des régions. » Poursuivant sa critique, il indique que c'est là « un avantage que n'ont toujours pas les intervenants œuvrant en forêts privées, qui doivent, encore cette année, attendre les annonces officielles les concernant avant de procéder à leur propre planification... Malheureusement, les budgets des forêts privées sont en décroissance depuis 2010 », confirme-t-il rejoignant en cela les dires de M. Roy. Au bureau de Laurent Lessard, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Christine Harvey, attachée politique, mentionne que les crédits pour la foresterie seront connus sous peu.
M. Roy souligne qu'il en coûte aussi cher à un travailleur forestier d'œuvrer en forêt privée que publique. Pourtant, l'un comme l'autre génère des bénéfices identiques dans leur communauté. De plus, ajoute-t-il, « on travaille fort pour convaincre les propriétaires de boisés d'adhérer au programme pour effectuer des travaux, mais quand vient le temps de l'appliquer, on manque d'argent. Ça crée de mauvaises relations », explique-t-il.
Le président de la SPBE mentionne encore que les transformateurs ont des difficultés d'approvisionnement, ce qui n'est pas normal. S'unissant à la FPFQ, ils demandent aux décideurs de déterminer des « ratios de comparaison pour répartir les budgets entre les forêts publiques et privées. » Les statistiques démontrent que les propriétaires pourraient fournir un volume supérieur de biomasse. « Les forêts privées représentent 16 % du territoire forestier du Québec, 15 % des approvisionnements des usines de produits forestiers et 33 % de la possibilité totale de récolte forestière. » De plus, M. Roy allègue que pour des activités égales, les producteurs privés produisent deux fois plus de rendement qu'au public. Comme ils visitent souvent leurs propriétés, elles sont mieux entretenues. Au moins, l'industrie sylvicole reprend du poil de la bête, les prix sont meilleurs, ce qui donne un peu de répit aux propriétaires de boisés.