Malgré une possible guerre tarifaire aux conséquences économiques
dévastatrices, des centaines d'entreprises à travers le Québec
craignent pour leur survie en raison des restrictions imposées au
programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Ces mesures
compromettent les permis de milliers de travailleurs difficilement
remplaçables.
Face à cette situation précaire, la
Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre
de commerce Memphrémagog réclament un moratoire sur ces
restrictions. Elles demandent une collaboration accrue entre les
gouvernements provincial et fédéral pour maintenir le niveau actuel
de travailleurs étrangers temporaires (TET) et ainsi préserver la
stabilité économique.
Des travailleurs essentiels
pour l'économie régionale
Le gouvernement du Québec
anticipe la perte de 100 000 emplois si les menaces tarifaires de
l'administration Trump se concrétisent. Or, même en cas de pertes
d'emplois, les travailleurs étrangers temporaires exercent des
fonctions spécifiques que les chômeurs locaux ne pourraient pas
nécessairement occuper. Des secteurs comme la soudure et l'industrie
touristique en dépendent grandement.
Sans ces
travailleurs, plusieurs entreprises devront ralentir leur production,
refuser des contrats, voire cesser leurs activités. « En pleine
période d'incertitude économique, il serait déplorable d'ajouter
une deuxième crise en privant les entreprises de travailleurs
essentiels. Ces derniers sont indispensables à la compétitivité et
à la vitalité économique de nos régions », affirme Véronique
Proulx, PDG de la FCCQ.
Annie Dubreuil, directrice
générale de la Chambre de commerce Memphrémagog, souligne l'impact
négatif du plafond limitant à 10 % les travailleurs étrangers à
bas salaire par entreprise. Selon elle, ces mesures menacent la
pérennité des entreprises et leur capacité à respecter leurs
engagements commerciaux.
Melissa Medeiros, fondatrice de
VIA Expats, abonde dans le même sens. Elle dénonce l'absence de
reconnaissance des efforts et des investissements des employeurs pour
combler les besoins de main-d'œuvre. « Maintenir notre
compétitivité nationale et mondiale, prévoir de façon durable et
enrichir nos milieux professionnels devrait être une priorité. Les
restrictions actuelles ne font qu'ajouter à l'incertitude économique
», ajoute-t-elle.
Un vieillissement de la population
qui aggrave la situation
Le Québec enregistrait 127
000 postes vacants au troisième trimestre de 2024, avec un taux de
chômage de 5,4 %. En 2023, plus de 62 000 permis de travail
temporaires ont été accordés à des travailleurs étrangers,
soutenant plus de 17 000 employeurs. Ces chiffres prennent encore
plus de poids alors qu'un million de travailleurs partiront à la
retraite d'ici à 2031.
« On ne peut pas tenir un double
discours : d'un côté, on demande aux entreprises d'augmenter leur
productivité, et de l'autre, on réduit l'accès aux travailleurs
étrangers. Un moratoire sur ces restrictions est essentiel pour
assurer la prospérité économique du Québec », conclut Mme
Proulx.
Source : Chambre de commerce Memphrémagog