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  HABITATION / Construction Estrie

La transformation d’une toiture : une affaire d’experts


Par Stéphane Gagné
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APCHQ Estrie Par APCHQ Estrie
Vendredi le 16 octobre 2015

La transformation de la toiture d'une habitation, qui peut prendre plusieurs formes, exige une certaine expertise. Les projets les plus couramment réalisés sont l'aménagement d'une terrasse sur un toit plat, de pièces dans le vide sous un toit en pente et l'agrandissement d'une toiture existante. Dans tous les cas de transformation, il est important de faire les choses selon les règles de l'art.

Daniel Dargis, ingénieur et propriétaire de Construction Daniel Dargis, déplore le fait que pour économiser des sous, des propriétaires font affaire avec des entrepreneurs qui acceptent d'apporter des modifications sans faire appel à un ingénieur en structure et à un architecte, lorsque requis. « Les très bons entrepreneurs ne sont souvent pas engagés parce que les clients ne veulent pas payer », dit-il.

Des travaux bâclés se traduisent parfois par l'apparition de fissures dans le plafond ou sur les murs ou pire, par un effondrement de toit. Jean-Francois Rondeau, ingénieur en structure du bâtiment pour la firme de génie Effitech, fait souvent des expertises afin de déceler les causes de telles anomalies. Il se souvient, entre autres, d'un cas d'effondrement d'un toit ajouté au-dessus d'une piscine extérieure. « Tout le projet avait été mal conçu, dit-il. Les plans n'avaient pas été faits par un ingénieur, et les matériaux choisis pour faire le recouvrement n'étaient pas les bons. Ils avaient été proposés par un vendeur de quincaillerie, et l'exécution des travaux avait été faite par un apprenti menuisier. Dès la première neige importante (15 centimètres), le toit s'est effondré. »

On comprend alors l'importance de bien faire les choses. Voici donc les projets de modification de toiture les plus couramment entrepris et comment bien les réaliser, sans avoir de mauvaises surprises après coup.

Aménagement d'une terrasse

En ville, où les résidants ont souvent peu ou pas de terrain, plusieurs souhaitent aménager une terrasse sur leur toit pour compenser ce manque d'espace. Toutefois, il faut s'assurer que le toit pourra supporter la charge supplémentaire que cela représente, prévient Jean-François Rondeau.

Au départ, le spécialiste mentionne que tous les bâtiments construits avant les années 1950 dans les quartiers majoritairement francophones des villes québécoises (ex. : l'Est de Montréal, le cœur de Trois-Rivières ou de Sherbrooke) ont des toitures très frêles. « Ces toits ont souvent été construits sur des solives de 2 x 6 espacées aux 30 pouces, dit-il. Ils n'ont pas été conçus pour soutenir une charge supplémentaire. Ils supportent à peine leur propre charge. Ce sont des surfaces avec gravier conçues pour faire fondre la neige l'hiver. »

« Des terrasses sont quand même ajoutées sur ces toitures sans que l'entrepreneur fasse appel à un ingénieur en structure pour vérifier leur capacité portante. Et souvent, à la suite d'un problème structural, on nous appelle pour apporter des correctifs. » Il déconseille donc l'aménagement d'une terrasse sur ce type de toit et encore moins l'aménagement d'une toiture verte.

Pour les maisons construites à partir des années 1950, la situation est différente. « L'apparition du premier Code du bâtiment en 1941 a permis la conception de toitures plus solides, poursuit Jean-François Rondeau. Cependant, il faut tout de même consulter un ingénieur avant d'y aménager une terrasse. »

Dans les villes et quartiers plus cossus comme Westmount, Hampstead et Outremont, les toitures ont été construites plus solides et il est aussi possible d'y aménager une terrasse et parfois même un toit vert, pourvu que l'épaisseur de la terre soit limitée à six pouces et que celle-ci soit placée dans des bacs bien drainés. Encore une fois, avant de se lancer dans de tels travaux, il faut faire appel à un ingénieur en structure.

Il pourrait être nécessaire toutefois de revoir la pente du toit avant de procéder. « Les pontages en bois de ces maisons âgées se sont affaissés et ne sont plus adéquats, affirme Michel Paré, directeur au développement des affaires et adjoint au directeur technique de l'Association des maîtres couvreurs du Québec (AMCQ). Il faut donc corriger la pente avant de refaire la toiture. On peut alors refaire au complet la charpente du toit en y prévoyant la pente adéquate. Cette solution est toutefois assez coûteuse. La façon la plus courante et la plus économique de faire consiste à mettre un isolant rigide (ex. : polystyrène expansé, fibre de bois) sur la charpente afin de corriger la pente. » Selon le devis établi par l'AMCQ, la pente doit être de 2 % vers l'avaloir du toit pour les bâtiments neufs, alors qu'une pente de 1 % est tolérée pour les bâtiments existants.

Pour les maisons âgées, faites pièce sur pièce et avec des fondations en pierre, « il faut aussi s'assurer que les fondations pourront supporter la charge supplémentaire qui sera présente sur le toit, mentionne Daniel Dargis. Quelques fois, cela peut exiger d'installer des poutres de soutien supplémentaires ».

Aménagement du comble

Par ailleurs, plusieurs propriétaires souhaitent agrandir leur résidence par l'entretoit, en y aménageant des chambres par exemple. « Cela exige toutefois une intervention majeure, précise Jean-François Rondeau. Au départ, on doit faire une étude de la charpente, ce qui exige des calculs très complexes pour l'ingénieur. On doit ensuite couper partiellement des fermes et corriger plusieurs connecteurs. Il faut aussi prévoir un plancher qui aura une capacité portante suffisante, car un plancher dans un comble non habité est conçu pour une surcharge de 10 livres au pied carré. Or, une fois l'espace rendu habitable, cette surcharge doit être quatre fois supérieure. Le coût pour l'ingénierie peut varier entre 1 000 et 3 000 $. À cela, il faut ajouter des milliers de dollars pour faire les modifications des fermes.

« Dans la majorité des cas, il est préférable de tout enlever et d'installer de nouvelles fermes prévues pour être habitables, poursuit-il. Cette façon de faire revient souvent moins chère. »

Agrandir un toit

Dans le cas d'un agrandissement, deux cas principaux peuvent se présenter. Le premier cas est un toit construit à une hauteur plus basse que le toit existant. Qu'il s'agisse d'un toit plat ou d'un toit en pente, cette structure accumulera plus de neige que le toit existant et la structure devra être en mesure de supporter cette charge supplémentaire. C'est ce qu'on appelle l'effet de contrebas. Dans ce cas, après le calcul fait par l'ingénieur, il faudra prévoir une charpente plus solide pour le toit qui se trouve plus bas. »

Le deuxième cas est un agrandissement par chevauchement. Il s'agit d'un agrandissement de toiture qui se situe au même niveau que la toiture existante. « Dans ce cas-ci, ajoute l'ingénieur Rondeau, il faudra modifier les fermes existantes du toit pour solidifier la structure. »

L'ajout d'un étage

Certains propriétaires choisissent d'agrandir leur résidence en ajoutant un étage. Si la maison est recouverte d'un toit en pente et que la structure est en bon état, il sera possible de conserver la même toiture en la retirant à l'aide d'une grue et en la remettant en place par la suite.

Le propriétaire peut aussi décider de changer de type de toiture. Il est possible de passer d'une toiture en pente à un toit plat. Par contre, si ce type de toit est installé, il faudra sans doute renforcer la structure des murs des étages inférieurs en raison de l'ajout des charges d'un étage additionnel en plus de celle d'un toit plat qui accumule de la neige l'hiver.

Stratégies d'organisation du travail

Lorsque l'on change ou que l'on modifie une toiture, il faut souvent procéder à la démolition de l'ancienne. « S'il s'agit d'un toit plat, on utilise une coupeuse, indique Azedine Sihadj, propriétaire de la firme Toiture expert. On coupe la membrane en morceaux de 16 pouces par 16 pouces, on descend ces morceaux à l'aide d'une grue et on les dépose dans un conteneur. Les solins sont retirés s'ils sont rouillés et en mauvais état. Tout ce métal est recyclé alors que le reste des matériaux est envoyé dans un endroit spécialisé qui récupère le gravier et le papier. Seul l'asphalte n'est pas recyclé. »

Pour les toits en pente, les bardeaux retirés iront directement dans un site d'enfouissement de déchets de construction. « Contrairement à l'Ontario, il n'existe pas encore au Québec d'entreprises qui recyclent ce matériau, souligne Michel Paré. Toutefois, il est possible de réduire la quantité de déchets en conservant les matériaux encore bons. Sur un toit plat, si le pontage et le complexe isolant sont en bon état, on les conserve et on ne change que la membrane d'étanchéité. Cela permet de réduire jusqu'à 70 % les coûts de remplacement de la toiture. »

Les techniques utilisées pour la reconstruction du toit dépendent du type de toit qui sera installé. S'il s'agit d'un toit plat, il y a quatre possibilités, soit le traditionnel toit en gravier-asphalte, la membrane élastomère, les membranes thermoplastiques TPO et PVC et la membrane de caoutchouc synthétique EPDM.

« Il est parfois nécessaire de valider la solidité du pontage avant d'installer une membrane multicouche gravier-asphalte sur un toit plat, précise Michel Paré. Les constructions antérieures aux années 1980, conçues pour recevoir ce type de revêtement, ont pour la plupart des pontages en planches de plus d'un pouce d'épaisseur. Les revêtements d'étanchéité multicouches sont assez lourds, soit 7 livres au pied carré. En comparaison, le poids d'une bicouche en membrane élastomère n'est que de 2 livres au pied carré et les membranes thermoplastiques en PVC, TPO et en EPDM sont encore plus légères. »

S'il s'agit d'une toiture en pente, avec une pente de 3 pouces au pied, le toit peut être recouvert de bardeaux d'asphalte (matériau très courant, car moins cher, mais moins durable que le métal), de tôle, de cuivre (très cher) ou d'ardoise.

Les garanties

Légalement, un couvreur possédant sa licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) doit garantir ses travaux pour une durée de cinq ans. Cependant, il est possible d'obtenir une meilleure garantie si le couvreur est membre de l'AMCQ ou de la bannière Réno-Maître de l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ).

« Pour obtenir la garantie résidentielle de l'AMCQ, le client doit débourser un supplément, jusqu'à concurrence de 500 $ et faire appel à un couvreur membre de l'Association, explique Michel Paré. Pour ce montant, il obtient une vérification de la qualité des travaux à la fin de ceux-ci avec correctifs sur le champ, si nécessaires. Il aura droit aussi à deux inspections accompagnées d'un rapport remis aux propriétaires qui seront réalisées sur une période de dix ans. »

La bannière Réno-Maître offre aussi une garantie intéressante. Par exemple, le couvreur Toiture expert, certifié Réno-Maître, offre une garantie qui varie de 25 à 30 ans sur une toiture en bardeaux d'asphalte. La garantie est de 15 ans pour les types de toit plat. En cas de problème après l'installation, l'entrepreneur passe chez le client pour effectuer les correctifs.

Source : Magasine Québec habitation Septembre 2015-10-14


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