Plus de 300 sérieux amateurs se sont massés dans les
estrades, montées dans la cour du Centre communautaire de
Saint-Isidore-de-Clifton, pour jouir du spectacle des 18 attelages de chevaux qui
s'opposaient dernièrement, pour une épreuve de tir.
Jacques Labranche, de la
Scierie Labranche et organisateur du concours, spécifiait l'importance de ce
dernier, le décrivant comme compétition provinciale. Pendant la rencontre, on a
rendu hommage à Anthony Labranche, décédé dans un accident à la
St-Jean-Baptiste.
Depuis 1962, le village
reçoit ces fiers palefreniers qui s'affrontent pour démontrer lequel possède
les meilleurs équidés, les plus forts. Pour l'occasion, ils provenaient d'un
peu partout au Québec et même du Nouveau-Brunswick. Ils ont chargé leurs
chevaux de leur plus beau harnais qu'ils ont enduit de graisse et astiqué pour
faire reluire les ferrures. Divisés en deux classes, en fonction du poids du
couple fixé arbitrairement à 3 400 livres, ces animaux de trait peuvent haler
une charge frisant les 5 tonnes, un poids plus que respectable pour ceux-ci.
Certains équipages pesaient 5 000 livres. Participait aussi à cette
rencontre, un groupe de 4 poneys tirant de front.
Entre aussi en ligne de compte la qualité de
celui qui tient les rênes. Il doit laisser la chance à ceux qui accrochent le
bacul de le faire rapidement en contrôlant l'énergie des «times» qui savent ce
qu'ils ont à tracter et qui sont prêts à donner le coup de collier nécessaire
pour déplacer la charge dès qu'ils entendent le crochet s'arrimer au traîneau.
Forts de longues heures
de pratique tant comme bûcherons qu'agriculteurs, les propriétaires ont
inculqués à leurs chevaux la synchronisation de leur élan, sinon l'un des deux
peut se retrouver assis sur palonnier au risque de graves blessures. C'est ce
que les spectateurs apprécient, entre autres, cet équilibrage de leur potentiel
qui les fait progresser de 20 pieds, la longueur réglementaire du tracé.
Il faut voir la
musculature de ces bêtes qui se lancent à pleine force pour déplacer cette
masse. Les oreilles tournées vers l'arrière pour écouter les ordres du
palefrenier, fringants, déterminés, pourrait-on dire, ils se montent pour
donner plus de puissance, cumulant leur poids à leur énergie quand ils
allongent, en une large extension, les pattes de derrière et plantent celles de
devant les ancrant solidement pour effectuer les prochains pas. La terre vole
sous leurs sabots. « On sent vibrer le sol », a lancé spontanément le commentateur
bien placé pour suivre le déroulement de l'épreuve.
M. Labranche faisait remarquer que ce sport n'avait
plus la cote comme avant. Selon lui, les gens aiment mieux regarder les tirs de
VTT et de grosse mécanique. « C'est plus spectaculaire, pensent-ils. » À voir
le plaisir des spectateurs de tous âges, on peut croire que la disparition de
ce genre de compétition a encore de belles années devant elle.
M. Labranche tenait à remercier tous les commanditaires qui ont facilité
l'organisation de cette rencontre.