L'artiste multidisciplinaire Taki
E'bwenze présente actuellement son exposition au Musée de Beaulne de Coaticook, jusqu'au 28 juin 2015. Son exposition, qui s'intitule Art=Instrument de passage, met de l'avant l'art
africain en y conjuguant les nouvelles technologies de l'informatique.
Ce Picasso d'origine congolaise expose aussi de façon
permanente au Musée de la Casa Africa, à la Havane. Peintre, infographiste, sculpteur,
musicien, professeur et conférencier, Taki E'bwenze est sans aucun doute un
artiste à découvrir de son vivant.
Une
exposition permanente à Cuba
Depuis 2009, les œuvres de Taki E'bwenze
sont exposées de façon permanente dans la capitale de Cuba au musée Casa de Africa. La culture
africaine est très importante à Cuba, si bien que les Cubains sont bien fiers
de pouvoir consacrer une place privilégiée à cet artiste de grand talent dans
leur musée.
« Lorsque
je suis allé à Cuba à cette époque, j'ai rencontré Alberto Granado et son fils,
qui était directeur du musée. Je lui ai proposé mon exposition pour le 50e
anniversaire de la révolution cubaine, c'était en 2009. J'ai fait les premières
œuvres d'art africain par ordinateur », affirme Taki E'bwenze. Alberto Granado, qui est mort en 2011, fut le
fidèle compagnon de Che Guevara; il est l'auteur du livre Sur la route avec Che Guevara.
Depuis ce jour, des groupes scolaires
vont en autobus visiter la toute première collection d'art africain par
ordinateur. Monsieur E'bwenze donne des conférences dans les universités à Cuba
chaque année, et il entreprendra bientôt des projets avec le Vénézuela et
l'Équateur. Des collectionneurs privés achètent ses œuvres à travers le monde.
Après son exposition au Musée de Beaulne, il aimerait bien aller en Amérique
latine.
« Il
serait bien que mon exposition puisse être vue par des étudiants de la région,
comme ils le font à Cuba. J'ai apporté mon ordinateur pour que les gens
puissent avoir la chance de voir l'aspect technologique que l'art peut
emprunter. L'art africain est riche en découverte, et n'est jamais fini d'être
exploré », mentionne-t-il.
Les
premières œuvres de Taki E'bwenze
« Mes premières œuvres ont été des cartes de
souhait pour Noël. Des petites Marie et des petits Jésus, j'en ai dessinés!
J'en faisais énormément dans les mois précédents le temps des Fêtes, dit-il en
ricanant. Lorsque j'habitais au
Congo, j'étudiais en génie dans une école technique. Une personne m'avait
demandé, tel un dictateur, de faire une murale pour la façade d'une pharmacie : Toi, va travailler là-bas avec le monsieur! avait-il dit. Je n'ai
jamais compris pour quelle raison il m'avait choisi plutôt qu'un autre. J'avais
eu la chienne de ma vie! Je ne connaissais rien en dessin! Finalement, j'ai
reçu une grosse somme d'argent par la suite et les gens ont vraiment trouvé que
j'avais du talent! ».
Taki E'bwenze a mis du temps à accepter
son côté artiste, car il se considérait comme un ingénieur.
Lorsque les gens lui mentionnaient qu'il était artiste, il n'aimait pas ce
titre, car lui, il faisait cela simplement pour s'amuser. « Quand une destinée te colle en arrière, tu n'as pas le
choix », raconte-t-il.
Art=Instrument
de passage
« L'art
est pareille à une clé, elle nous permet de passer. Qui dit passage dit
évolution, métamorphose et transformation »,
souligne-t-il. Taki E'bwenze utilise depuis toujours les expressions d'art
africain traditionnelles, et il innove en y ajoutant les nouvelles technologies informatiques. L'histoire et la culture sont omniprésentes dans son travail;
art, culture et technologie forment une trinité qui reflète une fine
intelligence, et cela se perçoit facilement dans toutes ses œuvres.
« J'ai choisi ce thème non seulement pour
mon exposition de peinture au Musée Beaulne de Coaticook, mais comme je suis encore enseignant, c'est aussi
un thème dont je me sers souvent pour mes conférences et dans les applications
pédagogiques de l'infographie. C'est ce qui me permet de passer d'un musée à un
autre, et d'un pays à l'autre à travers
les différentes activités que je présente ici au Canada et à l'étranger. Quand j'ai
commencé ma première tournée dans des musées au Canada et aux États-Unis, c'est
au Musée Beaulne que j'avais exposé pour la première fois en 1982. »
Monsieur E'bwenze s'assure de
conserver l'authenticité des formes ancestrales africaines lorsque vient le
temps de les transposer aux technologies informatiques. Ses œuvres d'art
enseignent une panoplie de choses par rapport aux rituels ancestraux et aux
symbolismes de toutes sortes.