L'expression
est consacrée : il faut savoir d'où on vient pour savoir où on veut aller.
Autant
je connais l'expression, autant je ne me suis jamais arrêté tant que ça à sa
signification. Dans notre société à évolution rapide, disons-le ainsi, il est
facile de décider que tout ce qui est derrière a « tellement pas
rapport » avec notre modernité, qu'on ne s'en préoccupe pas.
Jusqu'au
jour où on est forcé de se souvenir.
J'écoute
attentivement les membres d'une famille qui saluent la mémoire de leur papa et
grand-papa, décédé en pleine période de Covid-19. La chapelle est lumineuse.
Par les grandes fenêtres, on peut presque toucher au froid de l'hiver. Les souvenirs,
eux, ne sont que chaleur pour l'intérieur.
Aussi
bien le dire tout de suite, en temps normal, c'est plus de 125 ou 150 personnes
qui se seraient regroupées tant le défunt avait un charisme magnétique et une
bonhommie rassembleuse! Mais là, c'est le petit noyau familial très proche qui
est réuni. On fera autre chose quand ce sera possible!
Savoir
d'où on vient, pour savoir où on va.
C'est à
travers les témoignages des enfants et petits-enfants que le sens de
l'expression m'a frappé. « Grand-papa, je réalise que tu étais un modèle
pour moi! Sache que ce sera le cas encore longtemps! »
Tout est
là.
Sans
trop s'en rendre compte, on marche dans cette vie en se guidant sur des repères
qui sont nôtres.
On
dirait que c'est plus clair quand on gaffe! Ainsi, si je me trompe sur quelque
chose, que je pose un geste qu'il ne fallait pas, voilà que ce sont mes
repères, dont l'enseignement de mes parents et l'influence de mes proches, qui
guideront mes réflexes de réparation.
Un
exemple : si grand-papa a toujours su me faire comprendre que je dois
assumer mes actes, mais que, au-delà des conséquences qui me sont imposées, son
amour pour moi demeure intact, voilà que je suis pas mal mieux outillé pour
avancer dans la vie!
En
écoutant les témoignages, j'ai réalisé à quel point l'héritage qu'on laisse
peut-être important, si tant est que la descendance sache filtrer ce qu'il faut
garder!
Grand-papa
Biden?
J'assume
une certaine naïveté en disant que le principe des repères qui nous font
avancer s'applique aussi dans la vie d'une nation.
Je me dis
que grand-papa Biden saura léguer un héritage constitué d'éléments
rassembleurs. Parmi ces éléments, le dialogue. Vous savez, ce dialogue qu'on
est en train de nous échapper complètement alors qu'on se campe, dans les
médias sociaux, sur des positions qui ne font qu'exclure l'autre?
Autre
élément : l'inclusion, justement! Laisser de côté cette fichue souche
« purement Américaine » en se rappelant que les États-Unis sont nés
de la fusion de plusieurs racines. S'en souvenir devrait, théoriquement, nous
porter à agir comme si la souche ne doit pas être exclusive, mais inclusive.
Et le
ton. Quand grand-papa hurle et insulte tout ce qui gravite autour; quand il
considère toute intervention comme un manque de loyauté envers lui, ça se peut qu'il
soit préférable de renoncer à la succession! Pareil héritage est vide de sens
et ne fait que semer la haine.
Biden,
sur ces points, a plus de chances de laisser un héritage susceptible de faire
dire à des millions de jeunes Américains : « Grand-papa Biden, je
réalise que tu étais un modèle pour moi! Sache que ce sera le cas encore
longtemps! »
Clin
d'oeil de la semaine
« Grand-papa,
tu oubliais souvent comment fonctionnait ton cellulaire, mais jamais tu
n'oubliais les moments heureux qu'on a partagés. Merci, grand-papa! »