Les arts compatibles avec la réalité rurale? C'est le défi qu'a relevé
Amélie Lemay-Choquette lors de la présentation « in situ de cinq artistes et deux artisans de différentes disciplines sur la ferme biologique La Généreuse dans
le cadre d'une résidence artistique en milieu rural », qui décrivait ainsi sa prestation.
Plus d'une
centaine de personnes ont participé au pèlerinage qui ouvrait la voie à des
dimensions qui élevaient l'esprit.
Elle a su réunir de
talentueux jeunes qui provenaient de la Colombie-Britannique, de la France et
du Québec. Pour sa 4e édition présentée sous le thème «La Matière»,
l'initiatrice du projet a invité Greg Selinger, bboy, collectif Body Slam,
Laura Eavery, danseuse, Mathieu Lippé, slameur et conteur, Charles Van Goidtsen
Hoven, violoniste, Ronald Duhaime, flûtiste, France Dosogne, chapelière,
Lauryna Grandbois, ébéniste, Éléonare Paysant, stagiaire, Gélimar Sanchez.
Amélie a choisi de
présenter l'évènement dans un environnement naturel en lien avec l'agriculture.
Débutée dans les grands jardins par une chorégraphie de Greg, tout en puissance
contrôlée, la danse réunissait dans une gestuelle hautement symbolique la
plantule, le sol et l'humain attentif à tirer de son univers une nourriture
qu'il souhaite saine et abondante. Plongée dans l'étang, elle faisait voler les
gouttelettes, témoignant de l'influence des pluies que la Mère distribue, sur
les récoltes. La vitre, vierge pour l'heure, laissait présager une frontière
entre l'humanité et la spiritualité, frontière à découvrir au fur et à mesure
de la prestation.
Concert de flûte
indienne, chorégraphies-fusion, percutant heurt quand tout va trop vite et que
le recul est la voie de sortie, tels étaient quelques-uns des tableaux présentés
à la lumière d'un soleil couchant filtrant à travers l'érablière.
Et une station
spéciale pour écouter Mathieu Lippé livrer son monologue construit d'arbres
« au bouleau ». Plus loin, sur le trajet, il s'est permis un conte
fabuleux sur les aléas de l'oiseau médiateur entre l'éther et la terre, la
corneille. Sous les pommiers, accueillis par un xylophone en cristal, les
promeneurs ont pu « jaser un bon bout de temps » avec la jeune
Lauryna qui a réalisé des travaux de marqueterie du plus bel effet.
Et en conclusion,
ce moment où toutes les significations, tous les sens fusionnent dans un éclair
de compréhension de la démarche artistique, Amélie a repris la chorégraphique
initiée par Greg pour la transposer, en des gestes fluides, en un tableau en jaune
et blanc, vitrail aérien de lumière.
Bien que la préparation du thème fut plutôt courte, Amélie a aimé se
mettre en mode découverte avec les artistes arrivés l'avant-veille. « Ils
se sont rapidement enracinés dans le sujet et le peaufiner s'est bien passé »,
a-t-elle commenté. « Je voulais rendre le lien de l'art avec la ruralité,
l'agriculture, les artistes et les artisans. » Comme les agriculteurs qui
travaillent avec l'environnement, elle souhaitait que leur prestation aille
dans le même sens et non comme étant une dimension aléatoire à la manière de la
nature. « RurART se veut un évènement où l'art sort des zones urbaines
pour gagner les milieux ruraux », a conclu Mme Lemay-Choquette.