Pour terminer en beauté les activités de la Semaine de la santé mentale et souligner le 30e anniversaire de Virage Santé mentale, Pauline Beaudry, directrice générale, a invité Réjean Léveillée, ex-chef de pupitre chez TVA, victime d’un accident d’hélicoptère. Lui et son pilote, Antoine Léger, y ont réchappé. M. Léveillée a raconté à la quarantaine d’invités présents au Centre communautaire de Weedon comment, depuis, il « est privilégié d’être encore en vie. »
Tremblant d’émotion, la gorge serrée, après avoir revu pour la nième fois le reportage portant sur son accident et son sauvetage, il ouvrait sa présentation par un « Mme Beaudry vous aime. » Il sous-entendait par ces mots l’importance qu’il accordait à l’invitation de Mme Beaudry de partager son expérience et les conséquences qu’elles ont eues sur sa vie professionnelle et privée.
Lors de son exposé, il a raconté ses émois qui « se sont promenés d’un bord à l’autre » pendant les 41 secondes de la chute libre de l’hélicoptère. « J’étais paniqué à l’idée d’écraser des gens », se souvenait-il. Il a narré son séjour de trois mois en rétablissement à l’Hôpital Marie-Clarac et ce moment où il a dû se lever de son fauteuil roulant pour avancer de quelques pas. « La situation méritait une prise en charge », a-t-il confié, avant de se dire qu’il allait rebondir et reprendre le collier pour progresser.
Ces passages difficiles lui ont donné l’occasion de s’évaluer. En convalescence, il ne voulait pas voir âme qui vive. Cependant, dans un hiver terne où tous les jours se ressemblaient, il recevait, les soirs, la visite de deux religieuses qui se tenaient simplement au pied de son lit à causer de tout et de rien. Il y avait aussi cette super infirmière qui « mettait du soleil dans ce temps “platte”. »
« Quand on m’a autorisé à marcher, j’ai refusé, j’avais mal au ventre, victime de mes émotions », qu’il a conté. « Notre vie antérieure nous prépare cependant à affronter des moments comme ceux-là », déclare celui qui dès l’âge de 7 ans a commencé à travailler en classant des bouteilles. Souffre-douleur à l’école à cause de ses cheveux poil-de-carotte, il s’est développé une force de caractère qui l’a rendu capable de lutter contre les frasques du destin. Puis, il a confessé qu’il n’était qu’un ami pour les filles. « Il faut croire en nous », a-t-il lancé aux gens pendus à ses lèvres. « Ces passages difficiles te donnent l’occasion de t’évaluer », qu’il ajoutait. Au bout de six mois, il reprenait l’antenne.
Tout au long de sa carrière professionnelle, quelques grands évènements ont laissé des traces indélébiles sur son psychisme. La tuerie à la Polytechnique, l’écrasement du viaduc de la Concorde où il aurait pu trépasser, l’inondation au Lac-Saint-Jean, l’écrasement des tours du World Trade Center « partout, ce que j’ai couvert m’a fourni des leçons de vie », a-t-il confié.
Les évènements de Lac-Mégantic ont marqué une étape ultime dans sa vie. « J’étais prêt à lâcher, j’ai tenu jusqu’à l’annonce de PKP qui se lançait en politique. » Poursuivant ses propos, il a indiqué que deux mois avant de démissionner, il avait rédigé sa lettre de démission. « Je n’ai pas peur de lâcher des jobs, je ne veux pas que ça soit platte », confiait-il.
Aujourd’hui, il se charge des communications pour l’Hôpital Marie-Clarac. « Je le fais parce que j’y crois et parce que j’ai une urgence de vivre. Je vous souhaite que cette soirée vous pousse vers des temps meilleurs », a conclu celui qui se consacre à ses petits-enfants.
Virage se voue à la démystification des problèmes d’ordre psychologique et offre du soutien aux personnes vivant une période de déséquilibre émotif.