Ça
faisait pourtant plusieurs fois que son papa le répétait. « Ne
fais pas ça, tu fais du mal aux autres quand tu fais ça. »
Quand
tu fais quoi, me demanderez-vous? Ce n'est pas grave, vous
répondrais-je...
Malgré
les avertissements de son père, le fiston recommençait, plus ou
moins en cachette, espérant continuer son geste sans être vu ou
surpris.
Puis,
un bon matin, ce qui devait arriver arriva. Le papa a tout vu et, là,
il s'est choqué. Il a voulu enseigner la conséquence. Celle qui
vient lorsque l'on pose, de façon délibérée, un geste alors
qu'on sait qu'on ne doit pas le faire et qu'on a tout en main
pour comprendre pourquoi il ne faut pas le faire.
La
conséquence, c'est quelque chose qui te fait mal. C'est la
privation de quelque chose qui te tient à cœur.
Encore
là, trouvez les exemples qui pourraient faire assez mal à votre
enfant pour qu'il comprenne que ces gestes ont des conséquences.
En
société ou en famille, c'est la même chose.
Pour
les gestes hyper lourds de conséquences, on a le système carcéral
et le dossier criminel. Ces deux éléments sont assez solides pour
faire réfléchir un brin.
Pour
toutes les autres fautes, il y a l'argent. Les amendes. Celles
qu'on reçoit. Et pour lesquelles on chiâle tant. Avec un
raisonnement qui, rapidement, ne tient pas la route. Par exemple : la
limite de vitesse est à 100 km/h. On sait qu'on
tolère jusqu'à 118 km. On se fait prendre à 122 km et notre
réaction est la suivante : « Hostie, pour quatre kilomètres de trop...
Franchement! »
Les
amendes, disais-je avant de m'écarter. La solution pour faire mal
au citoyen qui contrevient à un règlement, c'est de le faire
payer. Le faire payer de cet argent qui lui est si cher. La seule
chose qui ait une valeur en société, me semble-t-il trop souvent!
L'argent, c'est le pouvoir de se faire plaisir, mais c'est aussi
le pouvoir tout court... Logique, donc, que l'argent devienne un
bon moyen de réprimander quelqu'un en lien avec un geste
répréhensible.
Oui,
mais voilà, quand l'argent n'est pas un problème, qu'est-ce
qui arrive?
C'est
à ça que je pensais quand le monsieur d'Austin a décidé de
faire abattre 75 arbres, en face de sa maison au bord de l'eau. Il
savait qu'il ne pouvait pas. Et il avait tous les moyens de savoir
et comprendre pourquoi.
Sa
motivation à lui était plus forte que tout le reste. Il voulait
voir l'eau de sa maison et être vu, à partir de l'eau, dans sa
maison. (la deuxième option étant probablement la plus importante,
d'ailleurs). Une maison de plusieurs millions de dollars qui fait de
cette personne un citoyen supérieur.
Une
amende de 7 000 $ et un peu plus. Une poignée de change dans le fond
de sa riche poche.
Ma
blonde pensait à voix haute, en regardant le bulletin de nouvelles à
la télé : « Je ne sais pas à quoi il pense quand il voit sa
maison à la télé... » Je
risque une réponsen: il s'en sacre complètement. Sa conscience se
limite fort probablement à la valeur de l'argent. Et il a payé sa
peine. Alors... Tout est bien correct, non?
Quand
l'argent n'est plus une façon de punir, que reste-t-il?
Quelle
est la valeur de la conscience? La conscience sociale et citoyenne?
Pire
question encore : quand on a de l'argent (et la polarisation
actuelle fait que ceux qui en ont en ont de plus en plus, pendant que
les autres en ont de moins en moins), quand on a de l'argent, donc,
sommes-nous automatiquement au-dessus de tout? Peut-il demeurer un
peu de conscience? Décidons-nous de ce qui est bon parce qu'on est
plus riche que l'autre?
Je
m'inquiète. Car la question demeure : comment fait-on pour faire
comprendre que la société a des règles à quelqu'un qui peut
tout acheter à coups d'amendes?
Clin
d'œil de la semaine
La
valeur de l'argent a été remplacée par l'avaleur d'argent...