Le 4 mai dernier, Solange et moi sommes partis effectuer le pèlerinage à Compostelle. En 37 jours, nous avons parcouru à pied la distance de 790 km qui séparent St-Jean-Pied-de-Port en France et Santiago à l'ouest de l'Espagne, soit une moyenne d'environ 22 km par jour. De nombreux chemins mènent à Compostelle, nous, nous avons choisi de prendre le plus populaire, le « Camino Frances ».
Le 5 avril 2017, l'Association québécoise des pèlerins et amis du Chemin de Saint-Jacques nous remettait notre credential. Ce carnet du pèlerin est le document que le marcheur apporte. Il nous recommande aux bons soins des hospitaliers et leur demande de nous accueillir dans leur refuge qui borde le chemin conduisant au sanctuaire de Saint-Jacques. Au moins une fois par jour, nous faisons estamper la credential afin de prouver que nous avons bien parcouru le chemin et de recevoir, au Bureau des pèlerins à Santiago, la compostela (certificat) attestant que nous avons fait le pèlerinage.
Ceux qui ont parcouru le chemin disent qu'on revient transformé d'un tel voyage. Cela reste à voir. Toutefois, marcher le Chemin de Compostelle et marcher dans nos campagnes est complètement différent. Comme pour des centaines de milliers d'hommes et de femmes qui l'ont parcouru au cours des douze derniers siècles, le chemin est vivant, chargé d'histoire, de joies, de souffrances, de belles rencontres et de paysages magnifiques. L'expérience et l'aventure sont extraordinaires et on peut que le recommander à chacun. Avec un bon entraînement et une bonne préparation, la marche est facilement réalisable.
La journée du pèlerin se passe ainsi. Le matin, le réveil se fait vers 6h00; (inutile de penser dormir plus longtemps, les autres pèlerins se lèvent et vous réveillent à cout sur). On ne se pose pas de questions, comme tout le monde nous nous habillons, enfilons notre sac à dos (qui pèse environ 20 libres) et partons pour 20 à 25 km, beau temps, mauvais temps. Après chaque 3 heures de marche, c'est la pause généralement dans un petit village pour prendre café et croissant. La halte suivante se fait pour le dîner, nous mangeons les choses souvent achetées la veille, baguette, fromage, jambon... Compte tenu de la chaleur, nous nous organisons pour terminer notre journée de marche autour de 1h30, car après cela la température devient trop chaude. Il y a des auberges municipales et privées (albergue peregrinos) dans toutes les villes et villages. Les hospitaliers nous accueillent avec grand plaisir pour environ 5 euros par personne. Ce sont toujours de grands dortoirs avec des lits superposés. Ce ne sont toutefois pas des 5 étoiles et les bouchons d'oreilles sont indispensables. Les endroits sont propres et bien organisés. On s'installe, c'est la douche et la lessive de nos vêtements, car nous n'avons qu'un kit de rechange (légèreté du sac à dos oblige). Une petite sieste et nous voilà frais et dispo pour aller visiter la ville et acheter un peu de nourriture pour le lendemain. Chaque soir nous planifions notre route du lendemain et après un bon souper de pèlerin offert dans tous les restos c'est l'heure du dodo vers 9 ou10h00.
Les rencontres sont nombreuses et multiethniques : Allemands, Coréens, Japonais, Australiens, Brésiliens, etc... des gens que l'on côtoie quelques heures seulement, mais qui partagent le même objectif qui est de se dépasser et d'atteindre le but ultime. Toujours on se souhaite « Buen Camino!» Les paysages sont toujours très beaux... La route est très agréable à marcher étant constituée principalement de terre battue, de pierres concassées et parfois de bitume. Le paysage est très varié selon la région où le pèlerin se trouve. On passe des montagnes des Pyrénées aux champs de vignes de la Rioja, puis aux plaines désertiques de la Meseta qui sont très monotones avant de rencontrer les routes vallonneuses de la Galice. Bien entendu, le clou du voyage se termine devant la cathédrale de Saint-Jacques. Le soir venu, chaque pèlerin (croyant ou pas) se recueille à la messe célébrée en leur honneur et à la fin, c'est le cérémonial de l'encensoir que les tiraboleiros projettent à travers le transept à une hauteur surprenante. L'odeur de l'encens et le son de l'orgue à faire craquer la cathédrale constitue l'apothéose du voyage. (Voir dans Youtube; encensoire compostelle.)
Voici une belle pensée qui s'applique au-delà de la marche, peu importe notre projet: c'est toujours parce qu'on s'imagine la distance qui nous sépare du but qu'on se décourage, alors qu'il s'agit simplement de faire un premier pas, puis de les aligner l'un après l'autre. Ce premier pas est toujours le plus difficile, mais, par la suite, on peut parcourir l'infini.
Si vous décidez un jour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez contacter l'Association québécoise des pèlerins et amis du Chemin de Saint-Jacques, chapitre de Sherbrooke. Vous trouverez facilement l'information sur internet.
Moi mes souliers ont beaucoup voyagé, ils m'ont mené loin loin...