Du 25 novembre au 6 décembre, La Passerelle, centre de femmes et La Méridienne, maison d'hébergement pour celles victimes de violence, proposent une programmation pour réfléchir pendant douze jours à l'animosité qu'elles subissent sous le thème Les femmes sont encore victimes de violence parce que nous sommes femmes.
Pendant ce temps, Andrée et Annie, directrices de ces établissements, invitent la population à se souvenir qu'il y a 25 ans, le 6 décembre, à l'École Polytechnique de Montréal, quatorze étudiantes tombaient fauchées par les balles de Marc Lépine. Sur son passage, il en a blessé 13 autres, dont 3 hommes, avant de se suicider.
Andrée mentionne que ces jeunes étudiantes avaient osé se lancer dans une carrière non traditionnelle à cette époque, celle d'ingénieure, ce qui leur aurait valu l'outrage qu'elles ont subi. Elle fait remarquer que l'arme utilisée avait été légalement acquise. Les deux directrices souhaitent que nos voix se joignent « au front commun d'organismes et de citoyens qui croient que notre devoir de mémoire entraîne nécessairement des actions concrètes... »
Du 25 novembre au 6 décembre, les deux organismes feront la distribution gratuite de rubans et de bougies dans toutes les municipalités du Haut-Saint-François. Le 2 décembre, pour toute la population de la MRC, l'atelier qui se déroulera au Centre communautaire de Weedon portera sur la violence faite aux femmes. On y brossera le tableau de son cycle. S'ajouteront des moyens pour intervenir et aider la victime quand on est témoin d'agression. Le 6 décembre, à 18 h, la population est invitée à allumer la bougie pour nous rappeler les 14 victimes de la tuerie de l'École Polytechnique.
La Méridienne et La Passerelle endossent la Déclaration publiée par le Comité de la commémoration du 25e anniversaire de la tragédie du 6 décembre 1989. Dans cette dernière, outre le rappel des évènements et la liste des décès, les femmes veulent le renforcement de la lutte contre la violence qui leur est faite pour garantir le libre exercice de leur droit de vivre en sécurité et dans une société sans rage. On fait état, dans ce même plaidoyer, qu'au Québec, elles représentent 80 % des victimes d'infraction dans un contexte conjugal. Elles forment un bloc de 96 % des victimes d'agression sexuelle et de 93 % des homicides conjugaux. On a dénombré pour le Canada plus de 1 500 meurtres exécutés par un conjoint, un ex-conjoint ou un partenaire intime.
La Déclaration entend combattre les inégalités entre les deux sexes. La discrimination, la marginalisation, l'exclusion des femmes en éducation, sur le marché du travail, face à l'insécurité économique et la santé justifient une lutte de tous les jours.
La Déclaration contient un engagement à poursuivre le combat pour un meilleur contrôle des armes. Placées devant les visées du gouvernement fédéral d'en abolir le registre sous la pression du lobby, les femmes réclament un encadrement législatif plus sévère de l'accès, de la possession et des types de fusils en vente. Cette loi « est nécessaire pour minimiser les décès et les blessures par balle », indique le communiqué.
D'un commun accord, Annie et Andrée témoignent de la résilience des femmes malgré les sévices en tous genres qu'elles subissent aussi bien dans les contrées dites civilisées qu'ailleurs dans le monde. « La violence prend sa source dans les rapports de force historiquement inégaux... ; prétendre qu'elles sont tout aussi responsables de la violence a pour conséquence de banaliser, de responsabiliser les victimes et restreindre le droit à la sécurité », rappellent les deux directrices. Toutes les violences, inceste, viol, harcèlement, meurtre, infanticide de filles, leur sexualisation et autres, portent atteinte à la dignité et au droit à l'égalité pour toutes.
Andrée et Annie proposent la visite de deux sites Internet : vivrelaviolenceconjugale.ca et 12joursactioncontrelaviolence.ca. L'invitation porte aussi sur le Facebook agressiondénoncé.