Le candidat conservateur dans Compton-Stanstead, Gustavo
Labrador, estime le Partenariat transpacifique (PTP) annonce des gains très
avantageux pour tout le monde, un point de vue loin d'être partagé par le
vice-président des producteurs de lait de l'Estrie, Marcel Blais.
Le candidat affirme que les concessions canadiennes, dont
3,25 % du marché du lait, sont de bonne guerre et que chaque producteur de
chacun des secteurs soumis au système de la gestion de l'offre sera pleinement
protégé.
Selon lui, un emploi sur cinq est lié aux exportations
canadiennes et le PTP n'offrirait que de belles perspectives d'affaires pour l'exportation
du bœuf, du porc, du secteur forestier, de l'aéronautique, de l'agroalimentaire
et du sirop d'érable.
Le chef du parti conservateur, Stephen Harper, a annoncé lundi
un soutien financier de 4,3 milliards de dollars en compensations aux
producteurs. Le montant sera réparti sur les 15 prochaines années.
Qui dit compensation
dit perte
Le vice-président des producteurs de lait de l'Estrie,
Marcel Blais, accueille le PTP avec amertume.
« On tenait à ce que la gestion de l'offre soit entièrement
protégée. Là, on doit analyser quel marché et quelle quantité de produits
seront touchés. Ce qu'on sait, c'est que 3,25 % représente entre 15 et 20 000 $
par année en pertes pour une ferme de taille moyenne. »
M. Blais est par ailleurs sceptique quant à l'annonce des
compensations de 4,3 milliards de dollars de Stephen Harper.
« Il se baseront sur quoi pour déterminer les pertes? Les revenus
nets? Les revenus bruts? La production? Depuis l'accord avec l'Europe, chaque
kilo de fromage qui entre est une perte puisque ce ne sont pas nos producteurs
ni nos transformateurs qui ont travaillé pour ce kilo. »
Selon lui, le potentiel de 800 millions d'habitants du
marché découlant de l'accord ne signifie pas que les producteurs et
transformateurs de lait du Québec ont tout à gagner avec le PTP.
« Nous ne sommes pas compétitifs parce qu'on n'a pas les
mêmes bases, ni les mêmes normes. Notre lait répond à des normes plus élevées
que ce que le MAPAQ exige et nous avons à respecter des normes environnementales
beaucoup plus sévères. »
Les producteurs ne
baissent pas les bras
Dans l'attente d'une analyse approfondie des répercussions
du PTP, Marcel Blais n'entend pas rendre les armes dans sa bataille pour un
renforcement des frontières, un enjeu qui ne faisait pas partie de la
négociation à Atlanta.
« Le gouvernement a réduit ses effectifs dans le contrôle
des frontières et à l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Comment
va-t-on contrôler la qualité? Ils ne peuvent même pas contrôler les concentrés
de protéiques et pourtant, ils sont de plus en plus présents sur le marché! »
Habituellement, ce sont les producteurs de lait qui fournissent
aux transformateurs de fromages et de yogourt ces concentrés, qui servent à
diminuer la quantité de lait nécessaire à cette production.
Les surplus sont assumés par les producteurs de lait, qui se
retrouvent avec de plus en plus de surplus et moins de demande pour les
concentrés. Selon M. Blais, la raison est simple : la frontière est une
passoire.