Vous avez probablement déjà
entendu parler du haut taux de mortalité des abeilles domestiques au cours des
dernières années. Ce phénomène ne se limite pas qu'au Québec, ni aux abeilles.
Partout autour du globe, les populations d'insectes variées tombent
« comme des mouches » à un rythme jamais vu auparavant. Ce déclin
drastique de biodiversité entraîne une myriade de répercussions majeures qui
nous pousse à réfléchir sur les impacts causés par notre présence sur nos écosystèmes.
Moins d'insectes... moins de
piqûres? Oui et non. Nous vivons dans un système qui est constamment en
recherche d'équilibre. Chaque espèce peut dépendre directement ou indirectement
d'une autre, et un changement minime peut avoir un effet domino dévastateur sur
tout le reste. La disparition d'une espèce peut permettre à une autre de
ravager nos champs, ou limiter le rendement de ce même champ en ne pollinisant
pas ses cultures. Après tout, il est important de comprendre que le tiers de ce
que l'humain consomme dépend des pollinisateurs. La vie de l'humain et la vie
des pollinisateurs sont intimement liées à un point qui peut parfois être
difficile à imaginer. Que ce soit par la pollinisation des champs de plantes
destinées à l'alimentation animale, par la production de semences, de végétaux
destinés à la production de médicaments ou en pollinisant directement nos
fruits et légumes, notre monde est construit sur le dos des pollinisateurs.
« L'effet papillon » n'a jamais été aussi littéral qu'aujourd'hui.
Qu'est-ce qui cause cette baisse
drastique des pollinisateurs?
Le problème est très complexe et
repose sur plusieurs fronts. Cependant, les chercheurs de partout s'entendent
sur 2 points principaux. Point un : l'utilisation à grande échelle de pesticides.
Les pesticides de type néonicotinoïdes sont depuis longtemps confirmés comme
une cause directe du déclin d'abeilles. Même si le Canada restreint maintenant
l'utilisation de ce pesticide sur les cultures particulièrement attirantes aux
abeilles, son utilisation ailleurs fait toujours autant de ravages. Même les
pesticides considérés comme moins dangereux, et même biologiques, ont un impact
sur les pollinisateurs. Certains amincissent leur peau, les rendant sensibles
au soleil. D'autres affectent leur système nerveux, limitant leurs
déplacements. Si le pesticide ne tue pas directement l'insecte, il le fera
indirectement, en affaiblissant l'insecte et le rendant plus susceptible aux
virus, les parasites et la pression des prédateurs. Point deux : l'étalement
urbain. Contrairement à l'écosystème extraordinairement complexe qu'ils
remplacent, les milieux urbains sont très hostiles pour la plupart des
insectes. Ces milieux sont pauvres en nourriture et en abris. Le peu d'insectes
qui peuvent s'y installer se retrouvent sans compétition et se reproduisent à
un rythme insoutenable.
Bien déprimant tout ça... mais
est-ce qu'il y a des solutions?
Bien sûr! La population et les
gouvernements sont de plus en plus sensibilisés à la cause environnementale et
à la protection de l'environnement. À grande échelle, la COP15 de cette année a
présenté plusieurs projets prometteurs. À une échelle plus communautaire, les
villes peuvent avoir un impact important sur la population d'insectes en
implantant (ou en conservant) des zones de biodiversité où ses insectes auront
accès à des sources de nourriture variées et des refuges. Moins de gazon et de
béton, plus de fleurs et d'arbres! À une échelle individuelle, vous pouvez
aider en laissant des fleurs sauvages pousser sur votre gazon ou encore en
plantant des jardins fleuris. Ces jardins peuvent être des îlots, des
plates-bandes, des pots, etc. Vous pouvez aussi leur fournir des refuges avec
des souches d'arbres, des morceaux de bois troués, des tiges de plantes à cœur
creux, etc. Le geste le plus facile que vous pouvez faire si vous avez un
terrain est simplement de retarder la première coupe de votre gazon. Les jolies
fleurs jaunes que sont les pissenlits seront l'une des rares sources de
nourritures aussi tôt en saison. En poussant, le pissenlit, à l'aide de son
système racinaire, décompactera votre sol pour en améliorer l'absorption d'eau
et protègera votre terrain contre le lessivage des pluies du printemps.
Il y a tellement de façons
d'aider. Cependant, la première étape est d'être curieux et de s'intéresser au
monde fascinant des pollinisateurs!
Les Jardins Pollinies
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