Pour comprendre les enjeux liés à la réduction
des gaz à effet de serre et les acteurs en présence lors des discussions à la
27e réunion des signataires de la Convention-cadre des Nations-Unies sur le
changement du climat du 6 au 18 novembre prochain, deux données sont à
considérer : les émissions brutes des pays et les émissions par habitant[1].
Les acteurs à surveiller à la COP 27
ÉMISSIONS DE GES DES
PRINCIPAUX PAYS (2019)
Pays
|
Mégatonnes éq.CO2
|
%
|
Chine
|
12 705
|
26,4 %
|
États-Unis
|
6 001
|
12,5 %
|
U. européenne
|
3 395
|
7,1 %
|
Inde
|
3 383
|
7,0
|
Russie
|
2 477
|
5,1 %
|
Total
|
27 961
|
58,1 %
|
Monde
|
48 117
|
100 %
|
1) Éq. CO2 est l'abréviation
de équivalent C02 : ce qui inclut tous les gaz à effet de serre :
gaz carbonique, méthane, protoxyde d'azote et autres. 2) L'Union européenne
comprend 27 pays.
L'on constate du tableau précédent que 58,1 % des
émissions de CO2 dans le monde proviennent de 4 pays plus l'Union
européenne. Comme cette compilation comprend 195 pays, cela signifie que le
reste des émissions soit 42 % est le fait des 190 autres pays.
Si l'on avait fait défiler le tableau complet,
l'on aurait constaté que le Canada est au 10e rang des plus grands
émetteurs de gaz à effet de serre avec 737 mégatonnes en 2019; ce qui
représente 1,5 % de toutes les émissions mondiales.
ÉMISSIONS DE GES PAR HABITANT (2019)
Pays
|
Tonnes/habitant
|
Canada
|
19,6
|
États-Unis
|
18,3
|
Russie
|
17,2
|
Iran
|
10,8
|
Japon
|
9,2
|
Chine
|
9,1
|
Union Européenne
|
7,5
|
Moyenne monde
|
6,3
|
En divisant le total des émissions de CO2 du
Canada par le nombre d'habitants, on arrive à 19,6 tonnes/habitant
annuellement. Il arrive en tête de tous les pays au monde à ce chapitre. La
Chine délaisse ici le premier rang et se retrouve au 6e rang.
Obligation de résultats malgré les
embûches
Il ressort du tableau des principaux pays
émetteurs que la Chine est de loin le plus grand émetteur avec plus du quart
des émissions mondiales. Et que ce sont les engagements des 5 grands qu'il
faudra vérifier lors de la prochaine COP en novembre prochain.
Si, à ce jour, les pays semblent prendre
davantage conscience de l'ampleur des catastrophes appréhendées, il en est
autrement de l'engagement à de mesures de réduction des émissions. Et de
surcroît, des événements viennent chambouler les maigres acquis à ce jour.
Avec l'invasion russe en Ukraine, les pays
européens sont obligés de relancer des centrales au charbon et de mousser l'importation
de pétrole et de gaz pour la production de leur énergie.
La Chine,
qui s'est dite incapable d'atteindre la carboneutralité avant 2060, est prise
actuellement avec des sécheresses exceptionnelles. Conséquences, elle
prévoyait, d'un côté, intervenir sur le climat en provoquant artificiellement
des pluies dans les régions les plus touchées et de l'autre, relancer les
centrales au charbon étant donné la baisse du niveau d'eau des réservoirs de
production d'hydroélectricité. Des mesures ayant comme corollaire
l'augmentation des GES. De plus, elle vient d'annuler un engagement de se
coordonner avec les États-Unis pour lutter contre le réchauffement de la
planète. À la décharge de la Chine, il faut souligner qu'une bonne partie de
ses émissions proviennent de la délocalisation des produits manufacturés de
l'Occident.
Quant au Canada, s'il obtient le titre peu
enviable du plus grand émetteur de gaz à effet de serre par habitant de la
planète, c'est que nous sommes un pays producteur et exportateur de
combustibles fossiles et que nous avons adopté des modes de vie allègrement
émetteurs de GES. Cette
situation nous oblige à faire rapidement la transition vers les énergies
renouvelables et nous confère le devoir bien particulier de transformer nos
modes vie éthiquement insoutenables. Ici aussi obligation de résultats.
Après les
manifestations de plus en fortes des effets du réchauffement du climat, ces
dernières années, souhaitons que nos décideurs internationaux, réunis bientôt
en Égypte, s'engagent résolument et avec des plans étoffés, à la réduction de
moitié des émissions planétaires d'ici à 2030 et à la carboneutralité pour
2050.
Septembre 2022
[1] Source : Émissions
de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, Gouvernement du Canada, 25/08/22