Si vous avez moins de 40 ans, les mots qui vont vous venir à l'esprit en lisant ma chronique sont «arnaque» et «crosse». Mais si vous êtes plus vieux, vous allez probablement penser à «gamique», un dérivé de l'Américain «gimmick» dont un des sens est «dispositif utilisé pour tricher aux cartes». En français québécois, il signifie «projet malfaisant», p. ex. « l'industrie de la construction est une méchante gamique ».
Dans le texte qui suit, je ne dirai pas que CounterFox, un service Web proposé par une firme chypriote du même nom, est une gamique. Si je le disais, je pourrais être poursuivi et je n'ai pas les moyens d'entretenir un cabinet d'avocats. Je me contenterai plutôt d'écrire que le service CounterFox pourrait être perçu par certains esprits chagrins comme pouvant ressembler à une gamique. Avocats, à vos marques !
C'est qu'en fin de semaine, j'ai reçu une invitation pour utiliser le service gratuit CounterFox. On s'inscrit et on a accès à deux lignes de code HTML que l'on copie-colle où l'on veut sur son site Web. Cela permet d'activer un compteur qui calcule au fur et à mesure les pages vues. Ainsi, les visiteurs savent qu'ils ne sont pas seuls au monde et le proprio est mieux informé sur son trafic.
Si on se rend sur la page indiquée dans le courriel promotionnel, on se fait présenter le service gratuit CounterFox, on se fait parler de deux autres produits payants et on se fait afficher la liste des gros clients qui, soi-disant, se servent de ce service infonuagique. On peut alors s'inscrire, ce qui nous permet de choisir le modèle de compteur que les gens verront (première illustration ci-après) et, ensuite, de copier-coller les deux lignes de code HTML (seconde illustration ci-après).
Facile facile ! Y a qu'un problème. Lisez attentivement ce qui n'est pas tartiné de jaune dans l'illustration qui suit (j'ai beurré seulement le code apparent). Ça renvoie à un JavaScript qui, « on error », ouvre les portes de certains casinos en ligne ou de systèmes de paiement apparemment européens pour casinos en ligne tels Beste Online Casinos, Bästa Casino, Best Casino Game, Carta Ci Casino, Bonus d'inscription Casino, AAMS Casino Online, Beste Betrouwbare Casino Online, Clickandbuy Casino, etc. La liste change à chaque fois que l'on demande du code.
L'usager croit copier deux lignes de code, mais en fait, il en ramasse une dizaine, dont au moins quatre liens relatifs à l'industrie du jeu. Même s'il essaie de ne sélectionner que les deux lignes initiales, il ne le peut; il n'a d'autre choix que de copier l'ensemble du code. (Ici, j'ai un peu de misère à comprendre. On parle d'usager qui entretiennent un site Web ou un blogue. L'analphabétisme informatique est-il rendu à ce niveau ?)
Or cette association à odeur de souffre n'est expliquée nulle part dans la présentation du service. Si moi, pour des raisons commerciales, il me faut attirer mes clients vers des casinos, j'ai l'obligation de le déclarer. À plus forte raison qu'il y a un aspect éthique entourant cette question. Nombreux sont ceux qui déplorent l'immoralité du jeu en ligne. Or comme CounterFox ne le fait pas et, à mon avis, tente même de bien camoufler son code afférent, j'estime que ma circonvolution du départ en ce qui a trait au mot «gamique» est tout à fait à propos.
Qu'est-ce qui m'a mis la puce à l'oreille ? Les deux lignes de code apparent commencent par une balise de division (div) et une balise de JavaScript (script type ...) qui ne sont pas fermées. Puisque le défilement vertical n'est pas autorisé, il faut copier-coller pour voir où elles le sont. C'est ainsi qu'on voit apparaître des noms de casino en ligne.
C'est quoi la mission ? Livrer de nouveaux clients à des services de casino, ou mieux, améliorer le PageRanking desdits services ? À moins que ce ne soient d'autres raisons que je n'oserais mentionner ? Qui sait ! Mettons, à tout le moins, que CounterFox a perdu, en ce qui me concerne, toute crédibilité.
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