Bon, ces jours-ci, gâtons-nous, mettons ça sur le dos de la chaleur. On a la mèche courte à cause de la canicule qui arrive tôt en juillet.
J'ai entendu un reportage concernant la fête du Canada et on y disait que, pour le moment (il était midi, le 1er juillet, du côté d'Ottawa), aucun spectacle n'était annulé à cause de la chaleur.
Rare, quand même, qu'on annule un spectacle à cause de la chaleur, me dis-je...
Mais en même temps...
Imaginez qu'une personne meurt lors d'un spectacle à la suite d'une exposition trop intense à un soleil trop intense lui aussi.
Il se serait passé quoi?
On aurait dit que c'était un accident? Que la personne aurait dû prendre des précautions? Se mettre un chapeau, s'hydrater?
Ben non !
Il y aurait eu un déploiement de kodaks, un brandissement de microphones, bref, une ruade médiatique concertée contre les organisateurs qui auraient donc dû y penser.
Des organisateurs qui ont donc été, par le fait même, négligents. Et les négligents, on fait quoi avec? On leur sert une ruade médiatique. Sans autre procès.
Parce qu'on a, personnellement et collectivement, la mèche courte. Très courte.
Un cycliste s'aventure hors de sa zone réservée? On le filme, on met ça sur Facebook et on frappe dessus en disant : « on veut bien, nous autres, respecter les cyclistes, mais regardez ce qu'ils font? »
Et le statut est aimé des dizaines de fois.
Si vous parlez à un cycliste, il vous dira que les automobilistes sont irrespectueux. Tous. Et tout le temps.
La retenue n'existe plus. Pas plus que la nuance.
Le Canadien de Montréal n'a pas fait les changements souhaités ? On frappe, multipliant les insultes personnelles à tous les vents! Et comme les semences vont où le vent mène, c'est-à-dire partout, bien voilà que les insultent sont reprises, relayées, et, en même temps, les réponses arrivent, toutes plus cinglantes les unes que les autres.
Il vous en reste, de la mèche, vous?
J'aimerais savoir, parce que le sentier de rage verbale, de rage au volant, de rage au clavier, de rage tout court, sur lequel nous marchons personnellement et collectivement ne mène qu'à une seule : la haine.
Et ça, vous voyez, ça m'inquiète.
Je ne dis pas qu'il faut tout accepter sans rechigner, nenon... Je dis juste qu'il serait temps de se dérouler un bout de mèche par que ça va exploser, cette affaire-là.
La tolérance mènera toujours plus loin que la violence. Ça me semble clair.
J'émets le souhait que cette mèche courte qui est la nôtre trouve une « rallonge ». Ce serait chouette que tout cela se règle d'ici vendredi ou samedi. Comme ça, on pourrait changer nos comportements en se disant que, finalement, tout cela était dû à une canicule...
En attendant, la pression autour de chacun de nous fait en sorte que nous sommes comme des bâtons de dynamite prêts à sauter. Une mèche plus longue nous donnerait du temps...
Clin d'œil de la semaine
Je serai tolérant... envers tout ce qui fait et pense exactement comme moi...