EstriePlus.com a rencontré Martin Fréchette, directeur
du service de l'alimentation lors des derniers Jeux du Canada, pour mettre en
lumière le rôle d'un nutritionniste sportif pour les équipes sportives
estriennes.
En plus d'être le nutritionniste officiel des équipes nationales féminines de
nage synchronisée et de Waterpolo, Martin Fréchette travaille également, par l'entremise
d'Excellence sportive Sherbrooke, avec des athlètes d'élite de partout en
région qu'ils soient du Vert & Or de l'Université de Sherbrooke, des
Gaiters de Bishop's ou du Phoenix de Sherbrooke.
Loin de faire la police au niveau des athlètes
M. Fréchette leur donne les outils pour réussir et laisse les athlètes prendre
leur décision. « Ceux qui veulent bien utiliser ces outils-là, tant mieux, pour
les autres je leur donne du support, mais je vais à leur rythme. Je leur dis
les faits, mais suite à cela, ce sont des adultes ou sur le point de l'être,
ils doivent prendre leur propre décision ».
Les outils dont il parle prennent la forme de
rencontres individuelles et de plans d'alimentation. « Je fais des visites deux
fois par mois et j'ai souvent des discussions sur le coin de la bande avec un
athlète qui me dit ‘'J'ai tel problème mon poids est en chute libre, qu'est-ce
que je fais ?'', ‘'J'ai de la difficulté à digérer avant les matchs'',
etc. C'est beaucoup d'échanges de la sorte pour les aider de façon très terrain
et concrète ».
« Nous
sommes tous des êtres humains »
Une partie importante du travail de M.
Fréchette consiste à s'assurer que l'athlète soit capable de manger ce qu'il
faut, mais en respectant ses capacités culinaires. « Certains joueurs sont en
famille d'accueil et d'autres se retrouvent en appartement pour la première
fois de leur vie », mentionne M. Fréchette. « Plusieurs n'ont jamais
cuisiné ! »
Le budget et l'intérêt de l'athlète pour la
nutrition entrent également en ligne de compte. « Certains voudront savoir au
gramme près ce qu'il faut manger tandis qu'il faut faire un grand travail de
débroussaillage pour d'autres ».
La grosse différence entre les sports est le Quoi et le Quand : « Exemple, si on prend le hockey ou le football c'est
un match et on a tout notre temps pour manger avant et après », explique M.
Fréchette. « Mais si on prend le patinage courte piste ou l'athlétisme,
quelquefois il ne peut y avoir que quelques minutes entre les épreuves donc on
ne peut pas manger les mêmes choses »
Avec le Phoenix de Sherbrooke, Martin Fréchette
fait affaire avec des jeunes adolescents et admet que ce n'est pas toujours
facile de leur faire comprendre l'importance d'une bonne nutrition. « Les
athlètes sont tous des êtres humains et ne sont pas plus parfaits que nous, ils
ont la même envie de vie sociale et d'aliments que tout le monde ».
Les longs voyages de l'équipe changent également
un peu la donne. « Il faut trouver quelque chose qui va plaire à la plupart des
joueurs, qui respecte les conditions budgétaires, qui est disponible un peu partout
au Québec et qui se mange dans un autobus. On pourrait faire un beau menu
parfait, mais il faut le faire en respectant ces contraintes ».
Un domaine en ascension
Aujourd'hui tout le monde s'entend pour dire
que la nutrition est un élément fondamental dans la préparation d'un athlète de
haut niveau, mais il reste encore du travail à faire. « En 2014, il y a encore
certaines équipes professionnelles et universitaires qui n'ont pas tous les
services nécessaires en nutrition sportive », explique M. Fréchette. « Les gens
savent que c'est important, mais on est rendu à l'étape où ils doivent
comprendre que c'est assez important pour le mettre dans le budget !»
La nutrition sportive est relativement
nouvelle même au niveau olympique alors que la première nutritionniste à avoir
accompagné la délégation canadienne est Mélanie Olivier (une femme de la
région) en 2006.
Photo: Ekaterina Pokrovsky