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  LE PAPOTIN / Chronique historique

Les origines du Main Central Railway


par Jacques Robert
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Mardi le 10 février 2015

Le canton de Dudswell a déjà été desservi par deux importants chemins de fer: le Québec Central en service à partir de 1875 et le Main Central, de 1889 à 1927. Ces deux voies ferrées se croisaient à Dudswell Jonction, situé sur le chemin Georges à environ 2 km du village de Bishopton. Je vous ai raconté les origines du Québec Central, voici celles du Main Central.

DEUXIÈME PARTIE

L'arpentage

Les ingénieurs et les arpenteurs partirent de Beecher Falls, dans l'État du Vermont, et s'enfoncèrent dans la forêt vierge en suivant la rivière Eaton vers le nord. Ils devaient trouver le meilleur tracé de la voie ferrée en direction du village de Cookshire. Afin de limiter les coûts et le temps de construction d'un tel projet, ils devaient éviter les ravins, les monticules et surtout éviter, le plus possible, la construction de ponts sur les ruisseaux.

 

crédit photo : Société d'Histoire de Sherbrooke

 

L'achat des terrains

L'arpentage ayant été réalisé, la tâche suivante consistait à acquérir les terres nécessaires à la construction. Ce travail fut confié à Cyrus Bailey, le meilleur secrétaire-trésorier que la compagnie pouvait s'offrir. En 1875, Bailey avait travaillé à la construction de l'International Railway, le chemin de fer de M. Pope de Cookshire[1].

Avec sa mallette bourrée de dollars, il visita des centaines de fermiers. Cela se fit dans la discorde car, tandis que ceux qui refusaient de vendre se voyaient offrir de jolies sommes, d'autres cédaient leur terrain pour une bouchée de pain[2]. Par exemple, certains acceptent 40$ pour 2 acres! Un autre 1 000$ pour 4 acres! Parfois les négociations sont ardues. Herman Nichols refuse catégoriquement de vendre et d'accorder un droit de passage à la compagnie. Bailey ouvre sa mallette et dépose une liasse de dollars sur la table de Nichols.  Ce dernier reste intraitable mais après quelques heures à négocier, il se retrouve avec des dollars plein les poches.

La construction

Les travaux de construction furent confiés à M. Empocha G. Sweat qui les laissa en sous-traitance à la firme ontarienne Shirley, Corbette et Brennan.

Dès le 26 décembre 1887, avant même l'achat de la totalité des terrains, 300 hommes, la plupart des bûcherons de la région, débutent les travaux de déboisement entre Beecher Falls au Vermont et le village de Cookshire. En suivant le tracé des ingénieurs, ils coupent tous les arbres et les broussailles sur une largeur de 60 pieds. Les branches et le bois inutilisable sont brûlés sur place, alors que les troncs pouvant servir à la fabrication de dormants et de ponceaux sont soigneusement empilés de chaque côté de la future voie. Les bancs de gravier identifiés par les ingénieurs, source de matériel devant servir au fond de la route, sont également dégagés. Les caps de roche impossibles à contourner sont détruits par une équipe de dynamiteurs. 

 

crédit photo : Société d'Histoire de Weedon

 

Derrière eux, 1 200 hommes dont la plupart sont originaires d'Italie, s'activent à aplanir le terrain et à poser les dormants et les rails. Tout est fait à bras d'hommes. Des hommes qui doivent manger et dormir sur le terrain car le voyagement est impossible. Le temps presse trop. Il y a donc une multitude d'hommes et de femmes qui suivent les équipes: des monteurs de tentes, des « cooks », des infirmiers, des « waterboys » qui doivent apporter l'eau servant à désaltérer des hommes à bout de souffle. La "bouffe" consiste la plupart du temps en fèves au lard, bœuf salé, porc frais, et galettes d'avoine. Parfois les hommes pouvent manger de la viande sauvage ou du poisson frais pêché dans la rivière Eaton toute proche. Cela brise la monotonie du menu. À cette époque, tout ce beau monde travaillait de 14 à 15 heures par jour, 7 jours par semaine.

 

 

La révolte des travailleurs

Les travaux avancent à grand pas mais ils commencent à ralentir au début de septembre 1888. Les ouvriers n'ont pas reçu leur paie depuis un mois. Le mécontentement des italiens monte de plus en plus et certains refusent de travailler. Le 20 septembre, c'est le coup de théâtre. L'entrepreneur de la compagnie, Sherley, Corbett et Brennan s'enfuit aux États-Unis avec un magot de 25 500,00 $[3], laissant pour 30 000,00 $ de comptes impayés, d'argent alloué aux fermiers et la paie des travailleurs[4]. De plus, la Hereford Railway Company déclare qu'elle n'est pas responsable de ce qui s'est  passé et qu'elle ne les paiera pas, ce qui met le feu aux poudres[5].

Ces étrangers au tempérament chaud de l'Italie du sud ne parlaient pas la langue du pays, n'avaient aucune idée de ses lois. En général, les italiens étaient de bonnes personnes et de très bons ouvriers pour ce genre de travaux. Mais il y avait aussi parmi eux « des fauteurs de troubles », toujours prêts à la violence et à la révolte. Voyant leurs gages leur glisser entre les mains, ils furent pris d'une rage de destruction incontrôlable.

 

NOTE : Dans le prochain Papotin, nous assisterons à la révolte des Italiens et à l'intervention de l'armée.

 


[1] Ce chemin de fer reliait Cookshire à Lac Mégantic, le futur chemin de fer de la MMA.

[2] Expansion du réseau ferroviaire..., p. 486.

[3] Près de 300 000 $ de nos jours.

[4] Glimpses into the Past, page 45, by Miss Bertha-Maud-Maria Weston-Price.

[5] Cultivating the Raspberry Branch, by S.S. Worthen and P.R. Hastings, M.D.


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