Le Finlandais suédophone Linus Benedict Torvalds, étudiant devenu célèbre à 22 ans en créant le système d'exploitation Linux, vient de se mériter, vingt ans plus tard, le très prestigieux Millennium Technology Prize, un honneur aussi prestigieux qu'un prix Nobel (physique, chimie, littérature, paix, médecine et économie).
Si ceux-ci sont annuels et relèvent d'institutions suédoises de haut savoir, dont l'Académie royale des sciences, le Millennium dépend de l'Académie de technologie de Finlande et n'est remis qu'aux deux ans. De plus, il rapporte lui aussi aux alentours d'un million de dollars (É.U.) à ses lauréats. Cette année, Linus Torvalds le partagera avec le Japonais Shinya Yamanaka, un chercheur spécialisé dans les cellules souches, lors d'une cérémonie qui sera tenue le 13 juin prochain.
Pourquoi Linus Torvalds ? Citons l'Académie finlandaise: " En reconnaissance de sa création d'un nouveau système d'exploitation Open Source pour ordinateurs, ce qui a entraîné la propagation du noyau Linux. La disponibilité gratuite de ce système sur la Toile a rapidement causé une réaction en chaîne entraînant des travaux de développement et d'optimisation estimés à 73 000 années/hommes. De nos jours, des millions d'ordinateurs, d'ordiphones ou de magnétoscopes numériques, p. ex. Tivo utilise Linux. Les travaux de Linus Torvald ont eu un impact majeur sur le développement de logiciel partagé, sur la réseautique et sur l'ouverture de la Toile laquelle est devenue accessible à des millions, voire des milliards, d'individus. »
Le Millennium en est à sa cinquième édition. Les lauréats précédents sont Tim Berners-Lee (2004), l'inventeur du World Wide Web, Shuji Nakamura (2006), l'inventeur du laser bleu, Robert Langer (2008), un chercheur en régénération de tissu humain et à Michael Grätzel (2010) inventeur d'une nouvelle génération de cellules solaires.
Si on en croit Wikipédia, le terme « Linux » n'a rien à voir avec un soi-disant « ego trip » qu'aurait eu le jeune informaticien. Torvalds voulait appeler son bébé « Freax » (un peu comme « gratuix », mais son copain Ari Lemmke, l'administrateur du serveur FTP, préféra, pour des raisons de crédibilité, le baptiser « Linux », un terme un peu semblable à « Unix » et assez loin de « Freak » qui peut se traduire en français par « marginal », « décroché », «très étrange » ou « pas d'allure ».
Détail amusant et... rassurant, le père le Linus, Nils Torvalds (photo ci-après), est journaliste, écrivain et homme de gauche bien connu en Finlande, tout comme l'a été son propre père, Ole Torvald Elis Saxberg, alias Karanko, qui était journaliste et écrivain lui aussi assez connu des Finlandais. La preuve est donc faite qu'avoir un père journaliste est loin d'être un obstacle à une vie exceptionnelle (vous avez compris que ce paragraphe était destiné à ma progéniture...)