Il y a
un an, ou à peu près, se mettait en branle le fameux convoi de la liberté.
Des
camions de partout au Canada qui convergeaient vers leur objectif :
Ottawa.
Le
convoi de la liberté, qu'ils disaient.
Je me
suis demandé ce que ça voulait dire l'an dernier. Et ce qui reste de tout ça
après un an.
D'abord,
je me suis interrogé sur l'appellation même du convoi de la liberté.
Convoi,
dans la source même du mot, inclut la voie (du latin via), d'une part, et le
préfixe con qui, tout comme sa variante co, signifie avec ou
ensemble. Ainsi, un coloc est une personne avec qui on partage une location.
Dans convoi, il s'agit donc de la ou des personnes avec qui on partage la voie,
la route. Et on ajoute la notion de l'objectif commun à tout ça.
Ce
bout-là est assez simple.
Liberté...
Là, ça se corse un brin. La source latine parle de l'état d'une personne libre.
Mais libre de quoi?
Un an
plus tard, j'en suis au même point : le convoi drainait des camions, bien
sûr, mais aussi presque autant de motivations différentes d'être là qu'il y
avait de camions!
Les
mesures sanitaires imposées; le complot des vaccins; la volonté de détruire
toutes les structures décisionnelles gouvernementales; les restrictions aux
douanes; le ras-le-bol contre tout; la haine envers Justin Trudeau; la haine
envers les environnementalistes qui en veulent aux méthodes de transport des
marchandises, etc.
Gueuler.
Rien que gueuler, mais toujours gueuler.
Non
seulement le « gueulage » ne m'impressionne pas, mais il me met
automatiquement en position défensive. Ça, c'est moi, cela dit. Je propose une
analogie (je sais, c'est toujours boiteux, une analogie, mais bon...)
Quelqu'un
achète quelque chose d'un commerçant. L'item fonctionne mal. Il se présente au
magasin le lendemain et s'adresse au propriétaire qui lui a vendu l'item. Je
gage une bonne somme que s'il arrive en gueulant, il obtiendra moins que s'il
s'adresse avec civilité. Dit autrement, si la personne manifeste sa déception
par rapport à l'achat effectué, elle a plus de chance d'obtenir satisfaction
que si elle gueule d'entrée de jeu.
Pour
moi, le fait de gueuler vient compenser le fait qu'on n'a rien de bien bon à
dire. À court d'arguments, on gueule.
De
retour au convoi
Un an
après, je demeure convaincu que ce convoi utilisait le mot liberté avec le
courage de l'adulte qui se cache derrière un enfant pour se défendre.
On ne
peut pas défendre la liberté et attaquer aussi directement, volontairement et
sans scrupules, la liberté de centaines,
voire de milliers de citoyens qui habitent le lieu de destination du
convoi.
C'est
tellement vide de sens de plaider que nous vivons dans un pays totalitaire
alors que les forces de l'ordre ont mis des semaines à intervenir avec assez de
tonus pour faire évacuer les lieux.
Que
reste-t-il du convoi après un an?
D'abord,
le fait que la nature même du convoi, la liberté, demeure indéfinie. Puis, il
reste cette déclaration tellement aveugle d'un organisateur qui dit,
sommairement, que dans sa tête, c'est le plus grand mouvement citoyen de
l'histoire...
C'est
d'ailleurs ça le problème. Chacun semblait être dans sa tête et personne n'a
jamais eu le réflexe de tenter de s'entendre sur une vision commune de la
liberté qu'ils défendaient.
S'ils
avaient eu à essayer de s'entendre sur une déclaration commune, ils auraient dû
argumenter, faire valoir des points, faire des choix, démontrer une réflexion.
La chicane « aurait pogné solide » entre eux et il n'y aurait pas eu
de convoi, j'en suis pas mal sûr!
Et s'il
y avait eu un brin de solidarité dans la pensée, les organisateurs auraient
trouvé le moyen de garder la bête vivante et grandissante.
Un an
plus tard, il reste quoi? L'image d'un convoi de la stérilité...
Clin
d'œil de la semaine
« M'en
vas te faire peur avec mon truck. Si c'est pas un argument, ça, je sais pas ce
que c'est ! »