De temps à autre, au gré des occupations et du temps qui passe, je regarde des épisodes de La p'tite vie. La série vieillit quand même pas pire, du fait qu'elle était déjà hors du temps au moment où elle a été tournée. Une dose d'absurde dans un monde qui en véhicule encore plus. Mais, au moins, l'absurde de La p'tite vie se veut comique. L'absurde de la vie est souvent moins comique.
Dans le dernier épisode que j'ai revu, samedi, Pôpa pétait sa coche au moment où il réalisait que son sac à vidanges était scellé par un nœud solide. Tout le monde sait bien qu'il y a un risque d'asphyxie élevé dans un sac en plastique! Pourquoi en irait-il autrement des vidanges?
J'ai toujours ri de cet attachement de Pôpa pour ses vidanges. Pôpa qui trie ses vidanges. Il les classe. C'est un rituel important pour lui.
Au risque de faire « P'tite vie » moi-même, effectivement, il y a un sentiment de bien-être (relatif, quand même!) à disposer de ce qu'on génère comme déchets. Ou surplus de consommation. On dirait qu'une fois le camion passé, on se sent mieux. Notre petit univers vient de se nettoyer un brin. Du fait que le camion est parti, l'affaire est classée. Ce qui est hors de notre vue est pris en charge. Ce ne sont plus nos déchets, ce sont ceux de la collectivité. À la limite, on peut s'insurger que les autorités ne gèrent pas bien nos déchets ensuite. Chacun pour soi, on est correct. C'est ce qui compte.
La P'tite vie, c'est 1993. Au moment des balbutiements de la récupération et bien avant le compostage.
Aujourd'hui, p'tite vie oblige, on a trois bacs à la maison. Des gros. Et nos enfants ont appris à les utiliser correctement, n'hésitant pas à nous ramener dans le droit chemin quand la tentation de tout mettre aux vidanges nous reprenait, le temps d'un coup de nostalgie.
La p'tite vie passe en reprise chaque samedi soir. 18 h 30. La série a donc un intérêt encore aujourd'hui. On la regarde en se réconfortant du fait qu'elle appartient au passé. Que Pôpa est drôle quand il classe ses vidanges.
Nous les classons maintenant presque religieusement. Et cela est juste et bon. La prochaine étape serait et sera de diminuer considérablement tout ce qu'on génère.
Les bacs font partie de nos vies.
Au fond, la p'tite vie est là, en nous tous. Une fois gratté, le vernis de l'apparence qu'on se donne pour vivre publiquement, au quotidien, on est tous pareils. Ou pas mal pareils...
C'est ce que je me disais jeudi dernier (jeudi est notre jour de rédemption dans le quartier). Non seulement il y a ce bien-être de redonner la responsabilité de nos surplus et/ou déchets à un tiers, mais il y a aussi ce tic-tac du temps qui passe qui accompagne le rituel des bacs.
« Déjà la semaine du bac noir? Me semble que c'était hier... Ils passent aux trois semaines... »
Autant de tic-tac du temps qui nous ramène à notre réalité. Si on vidait le bac, sac par sac, nos déchets témoigneraient aisément de ce qu'on a fait de nos trois dernières semaines. Quand on a un rendez-vous comme ça, aux trois semaines, on réalise que le temps passe vite. Trop. Que nos vies vont vite. Trop. Et qu'en plus, nos gestes ont des répercussions dans ce qu'on laisse dans l'environnement. Trop.
Pas si absurde, La p'tite vie!
Clin d'œil de la semaine
Petit, le fils de ma blonde lui a déclaré : « Je t'aime gros comme un camion de vidanges ». Ça marque de bonne heure, les vidanges!