Je nous regarde aller comme société et un élément
ressort : c'est le quotidien qui mène nos vies. Je veux dire complètement.
Ça peut sembler un peu simpliste comme affirmation.
Pourtant, dans tout le déploiement du calendrier, l'année,
les mois et les semaines comptent pour bien peu. Le quotidien retient toute
l'attention.
Un jour à la fois, dira celui qui cherche à redéfinir son
trajet de vie.
À chaque jour suffit sa peine, dira celui qui aspirera à une
minimale période de repos après un labeur de plusieurs heures.
Bref, on vit au jour le jour, le nez braqué sur le
quotidien. Je ne l'avais jamais vu aussi clairement que cette semaine.
Le quotidien qui s'impose par-dessus tout
Tout est réglé par cycle de journées.
Et comment pourrait-il vraiment en être autrement?
Sans trop le réaliser, au fur et à mesure de l'évolution de
notre société, la pression a monté. Plusieurs éléments jugés de luxe jadis font
partie des besoins de base. La course aux avoirs, la mesure de notre réussite
en fonction de ces avoirs, la volonté de toujours mieux se loger, de mieux
rouler carrosse, d'avoir en main tout ce que la technologie propose, tout ça
contribue à bâtir un modèle sous haute pression financière.
Et les couples ont des enfants. Pour qui on souhaite le
meilleur, bien sûr. Et, maintenant, c'est simple : le meilleur s'exprime
et se mesure par des avoirs et des accès à des sports, des loisirs et des
activités qui viennent ajouter à la pression financière familiale.
Les couples doivent donc travailler à temps plein, tous les
deux, pour y arriver.
Pour le reste, on rame!
Le dimanche qui j'ai connu comme une oasis de paix dans la
semaine est devenu une journée de rattrapage et de préparation des quotidiens à
venir...
Jusque-là, on y arrivait tant bien que mal.
Surtout quand les taux d'intérêts étaient au plancher.
Là, non seulement ces taux plafonnent, mais voilà que les
coûts reliés à l'accès à un logis et l'accès à la nourriture ont littéralement
explosé! Dans ces deux derniers cas, rien à voir avec la moyenne de l'indice
des prix à la consommation.
Ça, ce sont les effets directs. Il y en a des moins directs,
mais tout aussi importants!
Je réalise que toute notre perspective des éléments de
l'actualité est faite en fonction du quotidien. Au fil de plusieurs discussions
cette semaine, ça m'a frappé.
Par exemple, je dénonçais l'impatience des automobilistes devenue
répandue dans les rues de la ville. « Oui, mais faut que tu comprennes que
les travaux brisent l'horaire! C'est pas simple. Moi, je peux comprendre
l'impatience! »
On aura beau expliquer la pertinence des travaux, dire que
des améliorations seront enregistrées ensuite, rien n'y fait. C'est aujourd'hui
qui compte.
La grève générale des employés de l'État est difficile sur
le quotidien de tout le monde.
Est-ce qu'on se demande où est donc allée la fameuse
promesse du gouvernement pour une négociation basée sur une ouverture de
discussion jamais vue au Québec et faite longtemps à l'avance?
Non. On regarde l'entrave de notre quotidien et on se dit
qu'il faut qu'ils retournent travailler vite. Le reste, ça ne nous regarde pas.
Le quotidien qui nous mène
Le danger du jour le jour (et les dirigeants et stratèges le
savent très bien!), c'est la déconnexion complète avec la perspective que cela
occasionne.
Et je ne blâme personne, croyez-moi!
Quiconque a vu des parents gérer la quotidienne équation du
travail, de la garderie, des rendez-vous et des tâches familiales sait très
bien qu'il reste bien peu de temps éveillé dans une journée pour faire la part
des choses!
Ce type de pression quotidienne devient un piège quand on ne
peut plus évaluer les impacts des gestes qu'on pose maintenant.
« On fait ça aujourd'hui. Pour le reste, on verra
ben... »
Clin d'œil de la semaine
Le rêve n'est plus de dire : « un jour, je me
reposerai pour vrai! ». C'est devenu : « Pour vrai, j'aimerais
me reposer, un jour. Juste un jour! »