Il y avait foule au
Musée Eaton Corner pour la Journée d'antan (Old Fashioned Day). Le
stationnement, pourtant conçu pour recevoir de nombreux intéressés, débordait.
Par un dimanche chaud et ensoleillé, plus de 200 personnes ont répondu à
l'appel lancé par les membres du conseil d'administration.
En français, en anglais, les visiteurs de ces
deux communautés linguistiques ont pu profiter des connaissances et traditions
que leur ont transmises les colonisateurs de notre région et pour d'autres, ce
fut le temps de s'initier à ces techniques et outillages ancestraux.
Dès l'accueil, le jardin d'autrefois, riche des
légumes cultivés selon les usages en cours, nous tendait les bras. Quelques
magnifiques courges avaient été cueillies pour qu'elles soient données,
prouvant ainsi que les «anciens» savaient tirer profit de nos sols, quelques
fois difficiles à exploiter.
Marc Nault, passionné par la «charpente en bois
à colombage» (timber frame), technique de construction utilisant des billots
équarris ou non, assemblés grâce à des tenons, mortaises et goupilles, s'est
plu à démontrer comment nos aînés avaient pu construire leur maison, leur
grange et leurs dépendances. Ils employaient des outils simples, mais efficaces,
actionnés par la force des bras.
Artistes et artisans se sont installés dans et
autour de l'habitation de Joshua Foss, né en 1795 et décédé en 1881. Celui-ci
l'avait bâtie entre les années 1820 et 1830 et occupée avec sa famille
jusqu'à sa mort en 1881 à Eaton Corner dans Cookshire-Eaton. Cette demeure a
servi de bureau de poste et, croit-on aussi, qu'on y ait pratiqué la première
opération sous anesthésie au Canada.
La boutique de forge, les aspirateurs anciens,
les moteurs à un cylindre laissaient entrevoir la dureté des travaux à exécuter
à l'époque. À partir d'un billot de frêne, duquel M. Raymond Robert tirait des languettes pour tresser des
paniers abénakis, on appréciait cet art de la vannerie pour confectionner des
contenants voués à différents usages. Denis Palmer, sous le couvert ombragé des
arbres qui entourent la demeure, croquait sur son cartable des mouvements, des
gestes qu'il complétera en utilisant l'aquarelle. On pouvait aussi découvrir
sur place comment nos ancêtres pouvaient soigner leurs maux à l'aide de plantes
médicinales.
À l'intérieur de la maison Foss, les dames
s'étaient installées pour promouvoir les techniques de couture, de tissage, de
broderie diverse que leur ont léguées des générations de femmes avant elles. On
y démontrait l'art de filer la laine qui sera utilisée pour toutes sortes
d'usages. Malgré la somme et la rudesse des travaux qu'elles avaient à
réaliser, elles savaient aussi émailler de notes esthétiques leur demeure.
Broderie, crochetage, dentelles, «quilling» ajoutaient des touches joyeuses
dans ces rudes demeures. Le confort des familles était assuré par la confection
de carpettes au crochet ou d'épaisses courtepointes. Même qu'on pouvait y
admirer des techniques et des modèles de sculptures d'une délicatesse sublime
qui trouvaient leur place principalement dans les frises utilisées pour décorer
des meubles.
Dans l'église, 4
musiciens proposaient des airs traditionnels. On pouvait y visiter les
artefacts de l'exposition permanente riche de cadres, d'outils et documents
historiques. Les toiles sur lesquelles on avait reproduit quelques aquarelles
de Denis Palmer donnaient un cachet tout spécial à cette exposition. Plusieurs
ont aimé la balade en charrette tirée par les chevaux de la famille Bolduc que
conduisait Chantal, membre du conseil d'administration du musée. Pour sustenter
les appétits des visiteurs, des bénévoles ont offert de délicieux scones
accompagnés de confiture, comme à l'époque.
Sharon Moore, vice-présidente, et Marc Nault,
président du même C.A., se sont félicités de la participation des visiteurs.
Tous, exposants et amateurs d'Histoire et de traditions ont su apprécier cette
journée riche en découvertes.