Non, mais il y en a donc bien, des restos, en Estrie ! En termes de ratio population/établissement, on doit bien battre des records!
En fait, selon l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ), l'Estrie se situerait plutôt dans la moyenne : le ratio population/établissement s'établit à 410 habitants par établissement de restauration alors que la moyenne québécoise est de 438 citoyens par restaurant.
En 2012, on comptait 823 établissements : 428 avec service complet ; 191 avec service au comptoir ; 115 dits « spéciaux » (traiteur, cafétéria, etc.) et 19 brasseries et bars-salons. Dans la grande région de Sherbrooke, on parle de 139 restaurants avec service complet et 127 établissements avec service au comptoir.
Au Québec, quelque 20 000 établissements de restauration sont exploités, environ 236 800 Québécois travaillent dans un établissement de restauration et le chiffre d'affaires total de l'industrie s'établit à près de 10,7 milliards de dollars pour l'année 2013. L'industrie est composée à 55,7 % de petites et moyennes entreprises employant moins de dix personnes.
Les restaurateurs sont riches : vrai ou faux?
On évalue à 2,6 % le taux de profit d'un établissement de restauration. « Ce qui fait pour un restaurateur qui a un chiffre d'affaires de 1 million $, un profit de 26 000 $ », constate François Meunier, porte-parole de l'ARQ.
Le taux de survie des entreprises en restauration démontre que rares sont celles qui survivent au-delà de neuf ans, soit seulement 15,3 % d'entre elles. Après seulement cinq ans d'exploitation, c'est plus de 71 % d'entre elles qui auront fermé leurs portes. En 2013, 305 restaurants ont fait faillite au Québec.
Difficile de réussir à Sherbrooke?
À Sherbrooke, comme partout ailleurs, c'est l'offre et la demande qui déterminent en grande partie le succès d'un restaurant. Or, il semble que Sherbrooke soit saturé de restaurants avec service au comptoir ou de restauration rapide. « L'offre des restaurants avec service complet est évaluée à 127 millions $ alors que celle des restaurants avec service au comptoir atteint 40 millions $. Mais la demande des consommateurs est de 186 millions $ pour les restaurants avec service complet et de 33 millions $ pour les restaurants avec service au comptoir. Ainsi, l'offre des restaurants avec service au comptoir, la restauration rapide, dépasse de 7 millions $ la demande. Il y en a trop! Alors que la demande pour la restauration avec service complet est en dessous de l'offre de 59 millions $. Il y a donc encore de la place pour une offre de restaurants avec service complet », constate Gilles Marcoux, directeur général de Commerce Sherbrooke.
Cela dit, la compétition demeure féroce entre les restaurants d'aujourd'hui. Ils doivent offrir un produit de qualité, se diversifier et se bonifier année après année s'ils veulent conserver leur clientèle. « Le grand défi est de trouver le bon équilibre et de savoir s'ajuster aux besoins de la clientèle. On ne se le cachera pas, le milieu de la restauration est un milieu très difficile où la compétition est vive. Ce qui condamne le restaurateur à toujours améliorer et bonifier son offre pour répondre aux besoins de la population. Sinon, les consommateurs vont aller ailleurs. On l'a vu par le passé. Aujourd'hui, la clientèle des restaurants n'a plus besoin d'aller à Magog. Ce sont les chefs cuisiniers qui viennent s'établir à Sherbrooke. Mais il y a des problèmes comme dans toute industrie : problème de repositionnement, de gestion, de relève, de manque de personnel compétent, d'une offre de produits qui ne répond pas aux besoins ou aux attentes des consommateurs. Il y aura toujours de la place pour un entrepreneur restaurateur qui offre de beaux et bons produits, qui sait innover et qui en donne un peu plus », conclut M. Marcoux.
Crédit photo : DT Bistro