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Urgence climatique ou urgence politique?


Les prochaines années et les prochains mois seront déterminants et outre la menace à la survie de l'espèce humaine à la clé, il y en va aussi de l'avenir des démocraties libérales.
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Photo : crédit photo: EstriePlus
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 2 octobre 2019

Le 27 septembre dernier à Montréal, entre 315 000 et 500 000 personnes, jeunes et moins jeunes, ont marché afin d'exiger des gouvernements des actions concrètes pour lutter contre les changements climatiques. À Sherbrooke, 5 000 personnes sont descendues dans la rue. Un peu partout ailleurs au Québec, au Canada et dans le monde, la société civile s'est mobilisée pour réclamer de l'action. Les gouvernants, du moins les nôtres, se sont dits réceptifs, mais est-ce que l'action suivra les belles paroles ? On affirme qu'il y a urgence climatique, mais quels gestes concrets peuvent être posés pour donner confiance, pour faire société, selon l'expression du sociologue Joseph-Yvon Thériault ? Les prochaines années et les prochains mois seront déterminants et outre la menace à la survie de l'espèce humaine à la clé, il y en va aussi de l'avenir des démocraties libérales. Réflexion libre sur la crise climatique.

Notre mode de vie doit changer

S'il y a une certitude, c'est que nous les humains, nos modes de vie, nos façons de produire et de consommer avons un effet délétère sur l'équilibre de la vie des espèces tant animales que végétales sur cette planète. Les rapports accablants des scientifiques s'accumulent année après année. On peut jouer à l'interprétation statistique et trouver par exemple que le Québec tire mieux son épingle du jeu que les autres provinces ou la moyenne canadienne, mais la vérité c'est que nous avons la chance de compter sur une énergie propre que nous avons développée à une autre époque : l'hydro-électricité. Cela n'a pas demandé d'efforts à personne. Tant mieux pouvons-nous dire, mais de grâce ne citons pas cette statistique pour justifier notre climato-inaction. D'ailleurs, à rebours, jamais nous ne pourrions aujourd'hui construire de tels barrages qui ont eu un impact tangible sur l'écosystème de la Baie James. Alors pas de quoi se péter les bretelles.

Ce qui est en cause, une fois que nous aurons mis au pas les grands pollueurs, qui polluent moins que nos modes de transport solo soit dit en passant, la vraie question se posera : que sommes-nous prêts à faire, à changer dans nos vies pour éviter l'apocalypse environnementale que nous annoncent les scientifiques ? On vilipende les politiciens, mais la classe politique ne fait que nous donner ce qu'ils pensent que nous voulons. Leur inaction est la lecture qu'ils font de notre désir de ne pas changer les choses vraiment. Alors, la question se pose qu'acceptons-nous de délester de notre confort actuel ? Nos voyages en avion, nos déplacements en auto solo, notre alimentation raffinée, nos spacieuses maisons, nos moyens de communication mobiles qui nous gardent branchés avec la planète ? La question se pose, car la science nous dit qu'en 2030 ou 2040, ma mémoire est infidèle, nos appareils branchés, nos mobiles seront aussi importants dans l'émission des gaz à effet de serre que les transports aujourd'hui.

Alors ces questions se posent. En réalité, pour contrer les effets appréhendés des changements climatiques sur nos vies qui seront, à ne point douter catastrophiques, nous devons sacrifier notre niveau de vie actuel. C'est le prix qu'il faut payer aujourd'hui pour nos insouciances et notre inaction d'hier. Il faut payer maintenant pour nos petits-enfants et rien n'obtenir en retour. Comprenez-vous mieux l'inaction de nos gouvernements ?

Des actions énergiques

Que nous dit la science à propos de ce que nous devons faire pour empêcher la catastrophe annoncée de se produire ?
La science dit qu'il faut réduire notre consommation d'énergie. Pour réussir, il faut vivre dans des habitations plus densifiées, fini la maison à la campagne. Il faut vivre dans des lieux moins vastes, fini les maisons luxueuses et confortables. Il faut changer notre alimentation, ne plus consommer de produits carnés et de produits laitiers, fini les tartares. Il faut consommer localement seulement, plus d'oranges de Floride. Il faut cesser de voyager en avion, fini l'exploration du monde. Il faudra aussi se départir de nos ordinateurs, de nos appareils connectés, la consommation infonuagique de ces appareils est terriblement énergivore sans compter les métaux rares utilisés pour la fabrication de ces appareils. Il faut aussi repenser le développement de nos milieux de vie urbains, repenser nos modes de transport. Je ne parle même pas de la surpopulation de la planète qui pourrait exiger des réflexions plus difficiles sur le plan éthique comme se demander qui a le droit de vivre ou de mourir. C'est cela que nous dit la science. Pas le comment, mais le quoi ? C'est aux politiciens à trouver le comment ? Mettre fin à la présence de l'État dans les régions excentriques. De telles actions éventuelles paraissent radicales. Elles pourront l'être, car le temps presse. Les technologies de remplacement ne sont pas encore au rendez-vous. Plus encore, il faudra réfléchir à redévelopper à l'échelle planétaire la filière nucléaire.

Vous croyez qu'un politicien défendant un tel type de programme sera capable de se faire élire. Moi je n'y crois pas une seconde. Tout de même, posons l'hypothèse que ce politicien devienne fort populaire et que son charisme aidant, tout se passe bien chez nous. Malgré des difficultés et des tensions, les changements à nos modes de vie et à nos habitudes culturelles sont généralement bien acceptés par de larges pans de la population. Qu'arrive-t-il alors avec les États-Unis, notre voisin immédiat, qui exploitent à fond les hydrocarbures avec le président Trump qui prétend que les changements climatiques sont une invention de la gauche ? Les gaz à effet de serre ne respectent pas les frontières. Comment réagira alors la population canadienne, soumise à ces changements ? Cela ne justifie pas l'inaction, mais condamne à l'impuissance un pays comme le Canada et a fortiori un territoire comme le Québec. Il y a de quoi devenir climato-pessimiste-découragé pour l'avenir de l'espèce humaine, non ?

Les limites de la démocratie représentative

Ma thèse c'est qu'un politicien et un parti politique qui proposeraient de telles idées ne seraient pas élus par la population en 2019. C'est cette même population, du moins les plus jeunes, qui réclament des actions immédiates. Ce n'est pas étonnant, nous avons la conviction que la classe politique ne se bouge pas assez. Mais me direz-vous, on peut faire les choses progressivement. Là, vous ne l'avez pas du tout. Si j'en crois le bulletin de la Responsabilité sociale de l'entreprise du Conseil du patronat pour l'économie durable, organisme qui ne regroupe pas les plus radicaux environnementalistes vous en conviendrez, voici ce que l'on retrouve sur le site Web e-rse : « La plupart des discours politiques sur le sujet du développement durable entretiennent l'idée qu'il sera possible, à l'avenir, de continuer à vivre exactement comme aujourd'hui, mais sans polluer, notamment grâce à la généralisation de l'électricité renouvelable. Mais ce que les chiffres de tous les experts nous disent, c'est que tout cela est un mythe. Les études montrent que même avec 100 % de notre électricité renouvelable, nous devrions encore réduire d'au moins 50 à 65 % notre consommation d'énergie actuelle pour envisager d'être neutres en carbone. Et cela veut dire que nous allons devoir changer VRAIMENT nos modes de vie. L'idée d'une écologie sans effort ne résiste pas à l'analyse des faits. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il faut renoncer à tout le progrès moderne et retourner à l'Âge de Pierre : des solutions existent. Mais leur mise en place nécessitera la transformation de nos référents culturels les plus ancrés. La seule question qui reste en suspend est donc la suivante : quand serons-nous prêts à accepter ces changements ? »

Ce que cela signifie en fait c'est que le vieil adage qui dit que nous avons les politiciens que nous méritons se vérifie dans le cas de l'enjeu des changements climatiques. Notre classe politique nous mènera là où nous voulons bien aller. Ce n'est pas parce que la classe politique ne défend que les riches et les puissants, contrairement aux propos parfois simplistes que nous entendons dans les rues, mais bien parce qu'avec cette exploitation de l'homme par l'homme, des ressources de la planète pour les riches, nous en Amérique du Nord, au Canada et au Québec en tirons un bénéfice : un niveau de vie enviable. Un niveau de vie que nous ne pouvons plus conserver si nous voulons changer l'issue de la conclusion des scientifiques sur l'avenir de notre espèce si rien n'est fait. Pas étonnant que certains écologistes impatients remettent en cause le système de démocratie libérale en rêvant au pouvoir des dictateurs qui peuvent changer les choses en fonction de leur seule volonté du moment. Je n'ai pas la solution, mais l'avenir de notre démocratie tient entre autres en la capacité de nos gouvernants de résoudre cette quadrature du cercle. C'est pourquoi l'urgence climatique appelle l'urgence politique d'agir...


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