C'est drôle, des fois, non?
La semaine dernière, je partageais avec vous mon anxiété par rapport à l'invasion des médias sociaux, caméras et autres bidules électroniques qui deviennent vite indispensables dans nos vies. Indispensables pour leur utilité réelle ou par la pression sociale qu'exercent sur nous, sans trop s'en rendre compte, parfois, celles et ceux qui en ont.
Et je parlais du Géant Beaupré. Un ami m'envoie une note pour me dire, essentiellement, que je le fais rire!
Ah, bon?
En fait, il ne comprend pas que j'aie laissé deux éléments flous dans la chronique alors qu'il a trouvé les réponses sur Google en moins de deux.
Ah, bon...
Je disais ceci : « Elle parle très peu du géant, de la maladie des glandes je-ne-me-souviens-pas-trop-lesquelles qui a causé ce gigantisme. » Et aussi : « Le Géant Beaupré (je mets la majuscule à Géant parce que c'est le seul prénom que je lui connais!) ... »
Son point est simple : un minimum de rigueur de ma part aurait fait en sorte de faire comme si je le savais. Wikipédia parle, effectivement, de l'hypophyse. Et le prénom du Géant est Édouard.
Donc, j'aurais dû googler ça.
Ouin...
C'est pratique Google, je veux bien. Mais ça peut être déplaisant aussi.
Dès que quelqu'un oublie ou ne sait pas quelque chose, il google. Dès qu'on s'obstine sur une date ou un titre de chanson, quelqu'un google. Pourtant, c'est bien, pour retrouver une date ou tenter de situer un événement dans l'histoire, de pouvoir fabriquer une ligne du temps avec les notions qu'on a et d'essayer de placer l'événement en question là-dedans.
Ou c'est bien d'interagir avec l'autre pour proposer d'autres titres à la chanson qu'on cherche. Ça fait partie du jeu comme ça fait partie du processus de compréhension globale de se questionner et de questionner les choses. On ne devient pas un citoyen responsable en ne faisant que googler. J'espère, en tous les cas!
Il y a quelques années, j'agissais comme chroniqueur sur les ondes d'une radio sherbrookoise. À un moment donné, l'animateur lance, pour conclure un sujet juste avant une pause publicitaire : « comme dirait César, le peuple veut du pain et des jeux ».
Au retour de la pause, c'est mon tour. J'exprime qu'il me semble que ce n'est pas César, mais bien Juvénal qui a dit cela. Il me répond : « oui, oui, moi aussi, quand j'ai le temps, je vais sur Google... ».
Il était un peu insulté. Moi, déçu... Google n'avait rien à voir, cette fois-là, avec ma réponse. Je me souviens de mon prof d'histoire de secondaire 2 qui décrivait Juvénal comme un genre de philosophe incisif et corrosif par rapport à la société du temps. Tant que le peuple a du pain et des jeux, on fait ce qu'on veut avec! Ou quelque chose du genre. Je me souviens m'être dit que c'était un genre d'Yvon Deschamps avant son temps!
Mais là, subitement, ça semait un malaise.
Je me dis que si Google devient tout, il ne nous restera rien. Pas de mémoire, de compréhension des choses, d'échanges un peu philosophiques. Rien, même pas d'échanges réels entre humains parce qu'il y aura toujours quelqu'un en mission pour googler dans le but de confirmer ou d'infirmer quelque chose qui vient de se dire...
Clin d'œil de la semaine
Vous pourrez googler concernant Juvénal. J'ai peut-être tout faux, je n'ai pas googlé pour valider mon souvenir...