Françoise Desmarais, originaire de Dudswell et installée à La Patrie depuis 2003, revient du Lion d'Or, sur la rue Ontario, à Montréal, avec le premier prix de poésie du concours Magie des mots, ouvert aux adultes de tous les pays.
Sans expérience de l'écriture poétique, Mme Desmarais s'est inscrite à la 10e activité organisée par le Mouvement parlons mieux de la Société du bon parler français (SBPF). Elle y a soumis trois textes, dont L'amant, qui lui a valu la récompense ultime. Quelque 200 œuvres sont passées entre les mains des juges.
« Ma récompense, je l'ai eu quand on m'a appelée pour me dire que j'étais retenue parmi les finalistes du concours » raconte ce petit bout de femme vif argent. Regard vivant à qui rien n'échappe, cheveux mi-longs couleur du mythique mithril des Elfs de Tolkien, elle a su en une centaine de mots narrer sans pudeur sa relation avec L'amant qui l'a hissée « au sommet de l'Everest, captive de son regard abyssal ». Son poème qu'elle avait mémorisé, elle l'a livré avec intensité et émotion, ce qui lui a valu le premier prix du jury. Pourtant, elle le trouvait banal...
« La souffrance m'a portée à écrire », murmure celle qui a perdu son fils, il y a quelques années. La nature l'inspire et le calme lui permet de s'épancher. Pour elle, les mots servent d'exutoire. Autodidacte, elle l'a été dans presque tout ce qu'elle a entrepris dans la vie. Grande voyageuse, elle en a visité du pays et pris des photos avant de se lancer en cuisine et boulangerie artisanale.
Jamais la rédaction ne l'avait vraiment intéressée. « Je trouvais la poésie inaccessible, j'en ai très peu lu », avoue-t-elle. Sa rencontre avec Diane Lachapelle pour des cours d'écriture créative lui a fait découvrir des horizons insoupçonnés. « Au cours, la prof me disait d'aller chercher ce que j'avais en moi », indiquait-elle. Depuis, à raison d'un texte libre par mois, elle échange avec les Lutines, groupe de 8 femmes éparpillées dans l'immensité canadienne, ses créations qu'elle tisse autour d'un mot.
Sa poésie répond aux critères qu'avait fixés Jules Massé quand il avait créé la SBPF. Faire parler au peuple un français simple, mais correct. « Nous revêtons notre corps avec beaucoup de soin, pourquoi sommes-nous si négligents à revêtir notre pensée qui est pourtant plus nous-mêmes que notre corps? », écrivait celui qui s'est porté à la défense de la culture et de la langue française.