Comme vous, j'ai été un peu saisi de la nouvelle sortie
cette semaine et concernant Joël Legendre.
Mais voilà, je ne sais pas si j'ai été saisi de la même
façon que vous l'avez été. Je m'explique.
Joël Legendre a reçu, il y a quelques mois, une
contravention pour un geste indécent. Dans un parc public.
Une contravention. Pas une accusation au criminel. Pas une
agression contre quelqu'un. Une contravention.
Le geste est cave? Peut-être.
Moi, c'est la débandade (!) qui a suivi cet article du
Journal de Montréal qui m'a saisi. D'abord l'article lui-même, je dirais. Pour
moi, cet article se classe dans le rayon des petits journaux de vedettes. Du
potinage.
Le public a le droit de savoir, dit-on.
Le droit de savoir pour une contravention? Vraiment? On peut
vraiment se draper de la cape de la bonne garde des mœurs et publier pareille
nouvelle? Au nom de la rectitude? Ça me décourage!
Et je me demande plein de trucs...
Dans l'empire médiatique du Journal de Montréal, si ça avait
été, disons, Charles Lafortune, ça aurait été le même traitement? Legendre fait carrière à Radio-Canada,
principalement. Est-ce que ça fait de lui une cible facile? Je sais, il y a eu
contravention. Il n'y a pas eu mensonge de la part du journaliste, mais est-ce
que ça méritait publication?
Et je me demande aussi où on s'en va avec la spontanéité des
médias sociaux. Des choses hallucinantes ont été dites. À partir de « ben
bon pour lui, j'étais tanné de le voir partout! » jusqu'à « pis, il
est gai et père d'enfants...pas fort! » en passant par des choses
franchement dégueulasses, tout y a passé.
À travers tout ça, des mots d'encouragement. D'appui.
Comprenez-moi bien. Commettre des actes répréhensibles sur
la place publique n'est pas convenable. Je n'encourage ni n'approuve pareil
geste. Je dis juste qu'on tire au bazooka sur quelqu'un qui a commis une faute
de niveau « contravention ».
Le pouvoir médiatique est puissant. Vraiment puissant. Il
faut s'en servir avec parcimonie et jugement. Il faut aussi réaliser que tout
le monde peut devenir Capitaine Courage ou Capitaine Valeureux assis, chez lui,
derrière son clavier, à fesser sur quelqu'un qui est à terre.
La débâcle provoquée par la publication de cette histoire me
fait douter de nous. Comme citoyens, comme société.
Il y a eu geste posé. Il y a eu conséquence. Puis,
quelqu'un, quelque part, a décidé que la conséquence n'était pas assez grave.
Du journalisme qui n'en est pas. Du bas journalisme. Une fronde qui vise à
frapper quelqu'un dans le but de le blesser. Personnellement et
professionnellement. Et, en plus, diront les purs entre les purs, il a menti
pour inventer une histoire quand on l'a confronté à la nouvelle. On n'est pas
loin de la chaise électrique!
Je souhaite à Legendre d'aller chercher l'aide dont il a
besoin. Un artiste est un être d'émotions. Quand celles-ci se conjuguent au
poids qui vient avec la notoriété publique, souvent, ça fait tourner la sauce.
On l'a vu souvent avant.
Mais, avant tout, je nous souhaite, comme société, d'en
arriver à faire la part des choses. Et de tasser, du revers de la main, des
nouvelles qui n'en sont pas. Et je nous souhaite d'en venir à ne pas réagir à
tout et à rien, sans réfléchir. Je souhaite par-dessus tout que la
nouvelle-spectacle ne prenne pas tant de place dans notre imaginaire collectif.
Pas qu'il faille tout excuser, « nenon ». Mais il
faut quand même faire la part des choses.
Un geste somme toute cave. Quand je vois qu'on revient,
plusieurs mois après, avec une couverture médiatique, je me demande simplement,
c'est qui le cave?
Clin d'œil de la semaine
Dans les médias cette semaine : Legendre mis à nu pour
le plaisir de milliers de voyeurs qui condamnent, mais ne cessent de regarder...