Dans son cahier du printemps 2015, la revue française Village, no 123, consacre dans son Supplément Québec, 48 pages à des initiatives provinciales. Entre autres, l'article Droit de cité, portrait de la jeunesse de la Cité-école Louis-Saint-Laurent décrit l'expérience qui s'y vit, mettant l'accent sur la démocratie participative. Elle s'y est tissée au fil des cinq dernières années et se crochète encore entre la population du Haut-Saint-François et sa jeunesse étudiante du secondaire.
Après avoir dépeint la situation antérieure de la MRC du Haut-Saint-François, rurale, appauvrie, vaste, avec un fort taux de décrochage, particulièrement chez les garçons, Emmanuelle Walter, journaliste indépendante et auteure, à la pige pour des journaux et revues tels le Nouvel Observateur, Village et autres, démontre que développer un sentiment de fierté, se refaire une beauté, tricoter des liens étroits au sein des gens de la MRC et instaurer un parlement scolaire ont révolutionné la dynamique du milieu.
De son point de vue, extérieur et sans parti pris, elle décrit pour les Français une belle occasion de s'inspirer de ce qui se fait. « L'école, écrit-elle, a commencé par revêtir les atours d'une mini-ville ». Fresques représentatives, couloirs rebaptisés du nom des hameaux, entre autres, ont introduit un sentiment d'appartenance au milieu et une fierté d'y appartenir.
L'association de la direction et des enseignants avec les villageois des quatorze centres pour y remettre les bulletins a facilité les rapprochements avec la polyvalente transformée en Cité-école. La création de bourses pour les finissants offertes par les communautés et la mise sur pied d'un parrainage qui maintient la liaison entre les parents des différentes localités et leurs enfants à l'école favorisent l'attachement à sa municipalité.
La Cité-école s'est donné les moyens d'assurer une permanence à cette dynamique qui a mis en mouvement la population de la MRC du Haut-Saint-François. Renée-Claude Leroux, organisatrice communautaire, par son travail, appuie les projets des élèves. Charles Labrie, dévoué enseignant de français, carbure encore à la passion de la jeunesse même après 52 ans passés entre ses murs. Ils participent à toutes les initiatives suggérées par le parlement étudiant. Claude Giguère, ancien directeur à la Cité-école, a facilité l'éclosion de ce parlement. Guidée aujourd'hui par Christine Cragg, qui poursuit la tâche de son confrère, l'école fourmille d'idées et de réussites.
Tous les efforts déployés, l'engagement de chacun et le désir de se propulser vers le Haut portent du fruit. En quelque cinq ans, le taux de décrochage scolaire a chuté comme un «krach boursier». De 38 % qu'il était, il est descendu à près de 10 %. Déjà, au sein des communautés, on compte des étudiants qui se sont engagés dans la destinée de leur patelin. C'est ainsi que dans deux municipalités, Chartierville et East Angus, on croise les deux plus jeunes élus du Québec, Simon Lafrenière, 18 ans, et Meagan Reid, du même âge.
Le résultat ? Un sentiment « d'appartenance à la communauté, comme on dit au Québec, et une éducation à la citoyenneté qui contribue à la chute du décrochage scolaire », conclut la journaliste.