Une certaine effervescence régnait, samedi dernier, dans l'épicerie où je faisais quelques courses.
La veille de la fête des Mères, c'est comme la veille de Noël, le samedi de Pâques ou autre occasion de l'année de se croiser en famille.
Cette certaine effervescence se voyait plus dans le panier des clients que dans leur visage. Plusieurs items pour les brunchs. Le bacon, les fromages et les pains qu'on cuit quelques minutes pour faire un « comme si on l'avait fait soi-même », tout ça avait une place importante dans le panier d'hier.
« Dis-moi ce que tu transportes et je te dirai ce que tu feras ».
À la SAQ, le mousseux était à l'avant-plan. Le mimosa sera à l'honneur dimanche!
L'important, dans tout cela, c'est la maman. Et la famille. Sa famille, en fait. Celle qui a un bel argument pour venir la voir en ce dimanche.
Je me suis longtemps questionné sur la pertinence de célébrer la fête des Mères, mais c'est terminé, tout ça. J'ai changé de point de vue. Dans notre univers exempt, de plus en plus, de rituels, s'il fallait, en plus, abolir les dates d'anniversaire (au nom de notre productivité personnelle dans une vie qui va si vite), on perdrait les derniers points de rencontre « obligés » de l'année. Tout cela étant, va pour les rencontres, mais rien n'oblige l'achat d'un cadeau. On n'a aucune obligation morale envers les offres marchandes pour ce type d'événement.
Généralement, la maman fait ce qu'elle peut pour que ses enfants soient bien.
Je dis généralement, parce qu'il y a toujours des histoires plus difficiles, à gauche et à droite, dans l'univers des familles. Mais bon. Je généralise exprès, pour le bien de cette chronique.
Donc, la maman souhaite et fait en sorte que ses enfants soient bien. Elle multiplie les conseils, les paires de bas en hiver, les recommandations variées, etc. Et ce, peu importe l'âge des enfants!
La maman s'occupe de l'univers entourant son bébé naissant. Elle le protège, le cajole, essaie de comprendre ses besoins, lui consacre plusieurs nuits. Elle pleure (plus ou moins en silence) quand le rejeton attaque l'école, avec cette peur plus ou moins avouée que ce soit l'école qui attaque son rejeton! Elle essaie de le guider à l'adolescence. Elle ne comprend plus tout ce qui se passe autour, mais elle veut que son enfant soit bien.
Être bien. C'est ce qui compte.
Quand l'enfant quitte la maison pour un appart, elle veut qu'il soit encore bien. Elle tente, par toutes sortes de moyens, de recréer un peu l'univers de la maison à l'appart. Elle convient que c'est à l'enfant de créer son modèle, mais elle se veut apaisante en jetant un oeil à la décoration, en fournissant de la nourriture maison et autres trucs réconfortants.
En quelque sorte, elle reproduit le bien-être de la maison autour de la nouvelle vie de son enfant. Elle veut qu'il conserve ses repères. En se disant et se répétant des phrases comme : « Au moins, il va bien manger! ». « Au moins, il n'aura pas froid! »
Le « au moins » de chaque phrase veut dire : « je ne sais pas trop ce qu'il l'attend et il faut que je lâche prise, mais, au moins... »
En revenant de l'épicerie samedi, je pensais à la place des mamans dans nos vies. Et à tous ces édifices géants qui accueillent nos mamans (nos parents, vous me direz, mais bon) dans des endroits adaptés pour eux. Je pensais à ces nouvelles tours d'habitation dans lesquelles les jeunes familles ne sont pas admises. Parce qu'on s'adresse aux 55 ans et plus.
Ça en fait, des constructions majeures, ça, madame, pour nos mamans! On est prêts à construire tout ça pour qu'elles soient bien. Comme elles nous l'ont enseigné!
Des fois, je me dis qu'après les mots « tu vas être bien » qui ont motivé tant de mamans, il y a un point et trois autres mots, muets, intuitifs. Des mots qu'on oublie dans l'équation.
« Tu vas être bien. Près de moi... »
Clin d'oeil de la semaine
Une mère, c'est un peu comme la police. On lui reproche sa présence trop encadrante, mais on l'appelle dès que ça va moins bien...