Rencontre avec Malika Bajjaje et Denis Hurtubise, les deux complices discrets derrière l'organisation de ce nouveau Festival cinéma du monde de Sherbrooke qui aura lieu du 10 au 13 avril à la Maison du cinéma ainsi qu'à la Salle du parvis.
L'une est la directrice générale du Festival des traditions du monde de Sherbrooke depuis de nombreuses années. L'autre s'est porté acquéreur d'un complexe cinématographique de 16 salles, la Maison du cinéma, au centre-ville de Sherbrooke en 2011. Quand ils se sont rencontrés en septembre dernier, ils sont immédiatement devenus complices à raison de 24 images par seconde pour faire le tour du monde. « J'avais l'impression qu'elle m'avait volé ma vision sans qu'on se parle », dit Denis Hurtubise. À moins que ce soit Malika Bajjaje qui a dit ça?!
Elle a l'expertise en organisation d'événements, il a l'expertise en programmation et distribution de films, et en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, un plus un égale une soixantaine de films en provenance d'une trentaine de pays. Avec la collaboration de Catherine Viau et Daniel Bertolino du Groupe Via le monde, ils ont sélectionné ces films qui ont été populaires dans leur pays d'origine, ont remporté des prix à Cannes ou été en nomination aux Oscar, mais qui n'ont jamais été vus ou présentés au Canada.
« Nous voulions des films grand public, qui ont connu du succès chez eux, mais que personne n'a vus ici », mentionne Denis Hurtubise. « Et nous avons validé nos choix auprès de l'Institut du monde arabe de Paris, de l'Institut italien de la culture de Montréal, le Consulat général du Mexique, Vues d'Afrique, etc., ajoute Malika Bajjaje. Le choix des films était très important pour bien définir l'identité du festival, notre marque de commerce. »
Cinéma d'ici
En plus de ces films étrangers qui n'ont jamais pris l'affiche au Québec, les organisateurs ont choisi plusieurs films québécois et estriens pour bien présenter les talents d'ici. « On veut montrer que le cinéma québécois n'est pas une plante annuelle; c'est plus une vivace qui a des racines ici au Québec et ici en Estrie », glisse Malika Bajjaje qui commence à avoir hâte de jardiner. « Alors que nos cinéastes s'exportent très bien aux États-Unis et en Europe, la relève est importante ici. Le festival est une occasion de réseautage pour nos jeunes réalisateurs, de créer des liens avec des réalisateurs de l'étranger », complète Denis Hurtubise.
Deux débats, l'un sur le rôle de la femme « dans une Inde plurielle » et l'autre sur l'homophobie, sont prévus, une « classe de maître » ouverte à tous sur les effets spéciaux présentée par Eric Falardeau, des films pour enfants, remise du prix Cercle d'or pour le meilleur court métrage de l'Estrie, sans parler des soirées thématiques et de leur rayonnement partout au centre-ville de Sherbrooke.
« Les cinéphiles vont être choyés et nous avons fait des choix audacieux qui vont faire jaser », disent-ils d'une même voix. « C'est un festival béni », conclut Malika Bajjaje.