Soupe au
lait : se dit d'une personne qui a la colère soudaine.
Enfin.
C'est ma vision ou ma définition de l'expression.
D'ailleurs,
il suffit d'essayer cette recette toute simple : dans une petite
casserole, amenez une petite quantité de lait à ébullition. Puis, regardez
simplement. Une seconde, tout bout doucement, la seconde d'après, tout
renverse, créant systématiquement un gâchis souvent long à réparer.
Être
soupe au lait, c'est ça. Pogner les nerfs sans avertir. La plupart du temps
pour des raisons insipides.
Même si
je trouve l'expression justifiée (ayant fait l'expérience de faire chauffer du
lait déjà!), j'avoue qu'elle porte ombrage à l'image que j'ai de la soupe en
général.
Quand je
regarde un peu dans le rétroviseur de ma vie, il y a pas mal de soupe! La
réconfortante soupe que maman préparait si souvent le midi. La soupe de
belle-maman quand on arrivait au chalet. La soupe-repas que j'aime bien faire
de temps à autre. La soupe en "can" Habitant que je consomme encore
parfois, avoué-je...
La soupe
a cette façon de rassembler les gens. L'arôme, la chaleur, l'effet bienfaisant,
tous ces ingrédients collaborent à en faire un élément de rapprochement. "On
mettra de l'eau dans la soupe s'il en manque!", disaient nos grands-mères
quand des invités s'annonçaient à la dernière minute. Puis, il y a aussi qu'une
soupe, me semble que ça se déguste calmement.
Le calme
d'une soupe chaude par un midi gris automnal...
Cette
vision vaut pour pas mal toutes les soupes.
Mais pas
pour la soupe au lait!
Et il
semble bien qu'il mijote un bol de soupe au lait dans le cœur de bien du monde,
ces années-ci. Probablement plus qu'avant!
Des
exemples?
La route
de Gérard déroule son bitume et, subitement, voilà qu'elle est entravée par des
travaux. Cela va retarder Gérard dans son déplacement. Il baisse sa vitre et
demande au signaleur : « Je ne peux pas passer par là? »
« Non, monsieur, il faut faire le détour. » Bang, la casserole
déborde. Une seconde à peine! « Câli... de ville de marde! Pis toé, tu
passes ta journée à faire chier le peuple qui paye des taxes!!! Tab.... »
La soupe
au lait est latente dans le cœur de bien du monde, je disais.
Un autre
Gérard (désolé pour les Gérard non concernés!) : « Voilà, vos clés,
Monsieur Gérard, ça fait 300 $, comme convenu ce matin » « Tu vas
vraiment me charger le 9$ de désinfection du char? » « Oui, c'est la
norme de notre garage, je vous l'avais dit ce matin au moment de l'estimé! »
Re-bang! « Ben maudit, vous êtes des cri... de voleurs... J.E. va débarquer
ici, tu crèras (!) pas ça ! »
C'est la
femme de Gérard qui lui a pris le bras en disant, doucement : « Bon,
ça fait, Gérard, viens-t'en »
Il y a
de la sa soupe au lait un partout autour. Cette soupe qui semble contenir des
frustrations refoulées, des états d'âme non assumés et je ne sais quoi d'autre!
Ce que
je sais, c'est que la soupe au lait ne règle rien. Elle crée des gâchis souvent
difficiles à rattraper ensuite. Elle sème inutilement la haine et fait mal à
ceux qui sont brûlés par le liquide qui déborde.
« Surveille
ton rond ! »
Le
conseil était de ma mère. Il pourrait venir de n'importe qui et s'adresser à
n'importe qui!
Le rond,
c'était le rond du poêle. Le "surveille" sous-entendait qu'il
fallait, en tout temps, contrôler la chaleur du fameux rond pour que le
résultat soit potable et ne déborde pas.
C'est
exactement ce que j'ai marmonné à ces deux Gérard que j'ai croisés (pour vrai!)
dans les dernières semaines.
Ils ne
pouvaient pas m'entendre.
Et
probablement pas me comprendre, de toute façon...
Clin
d'œil de la semaine
Une
affiche annonce une autre station de lavage de main obligatoire, droit devant.
« Surveille ton rond! »