J'entendais L'été indien de Joe Dassin ce matin. Un plaisir coupable totalement assumé de ma liste d'écoute musicale, disons, rétro. C'est effectivement le rêve de bien des gens de passer un bout d'automne à la campagne au Québec. Mais cette année, du moins jusqu'au 1er octobre, c'est la campagne partout... au Québec.
C'est drôle comment c'est bâti, une campagne électorale. Il y a les candidats qui parcourent assidûment leur territoire respectif. Ils offrent de représenter les électeurs à Québec. Ils le font de bonne foi. Ils savent bien que le travail en soi n'est pas facile. Ou ils le sauront bientôt!
Ils sauront qu'on les attendra à chaque épluchette de quoi que ce soit (!), chaque petit événement qui aura lieu. Ils sauront qu'encore en 2018, on évalue la qualité de notre député à sa présence partout, tout le temps. Ce qui est totalement impossible et parfaitement redondant, cela dit.
Mais on est de même pareil...
Une fois élus, ce sont les députés qui sont en contact avec les réalités du milieu de façon quotidienne.
Et il y a la campagne des chefs. Qui semble presque toujours complètement indépendante de celle des circonscriptions.
Les chefs qui débattent entre eux. Enfin, débattre... Vous avez vu comme moi l'empoignade du premier débat télévisé.
Au niveau de ceux qui sont susceptibles d'accéder au pouvoir le 1er octobre, l'objectif n'était clairement pas d'avancer des idées, mais bien d'enfarger l'autre et ainsi créer une occasion de le planter.
Je ne connais personne qui ne soit pas resté sur sa faim après ce débat.
Il y a pourtant péril en la demeure.
Chacun présente sa vision de la réalité. Et tente de la faire avaler à la population. Un exemple parmi d'autres : M. Couillard continue de prétendre qu'il n'y a eu aucune coupe budgétaire dans les services aux élèves en éducation. Je sais que c'est faux. Vous savez que c'est faux. Ils savent que c'est faux. Mais en disant que c'est vrai et en le répétant ad nauseam, on espère que ça deviendra vrai pour les électeurs.
C'est de la stratégie de positionnement en vue d'influencer le vote. Et c'est la principale raison, à mon avis, du désintérêt collectif envers la politique.
Et c'est dangereux.
Lorsqu'interrogés sur leur relation avec la politique, bon nombre d'électeurs déclarent ne plus croire au système politique actuel. C'est pire que de la colère. Pire que de la défiance. C'est de l'indifférence. La pire des choses en fait. « De toute façon, ils sont tous pareils... », semble être le seul consensus qui tienne la route.
Et Jacques Rougeau, là-dedans?
Je l'entendais en entrevue cette semaine. Et je faisais un lien avec la campagne électorale et, surtout, le débat de jeudi dernier. En substance, il disait que les amateurs de lutte professionnelle savaient que les dés étaient pipés, mais, une fois sur les lieux des combats et quand un des leurs était en vedette, ils faisaient comme s'ils y croyaient et s'investissaient à fond. Rougeau terminait en déplorant qu'il n'y ait plus de lutteurs professionnels québécois et que, par voie de conséquence, les amateurs de lutte soient tombés dans l'indifférence, ne s'y retrouvant plus vraiment.
Je me demande si on n'est pas rendus là en politique...
Clin d'œil de la semaine
Ah! Le doux temps où on y croyait!