Je n'ai jamais pu écouter des films ou des
documentaires qui abordent les sujets environnementaux. Dès que les nouvelles
télévisées présentent un reportage sur la question, je ferme l'écran et si un
article dans le journal aborde le piteux état de notre planète, je saute à la
prochaine page. Cette réaction ne se produit pas par manque d'intérêt, bien au
contraire, mais plutôt parce que le ton alarmiste habituellement employé dans
ce type de production me crée un grand malaise. Même si je vis avec cet état
depuis des années, ce n'est que tout récemment que j'ai appris que celui-ci
portait le nom d'éco anxiété.
Visiblement, je ne suis pas la seule à
subir ce malaise. Lors d'une rencontre organisée par l'Archidiocèse de
Sherbrooke avec une spécialiste sur la question, celle-ci mentionnait qu'à
travers le monde, 60 % des jeunes âgés de moins de 35 ans vivent avec des
symptômes d'éco anxiété. On parle ici de moments d'angoisse, de perte du sommeil,
de pensées envahissantes, de troubles alimentaires et de la difficulté à se
projeter dans le futur. En effet, difficile de trouver un sens à notre vie
quand nous voyons partout que nous sommes condamnés d'avance.
De plus en plus, nous sommes bombardés d'images
et d'informations qui arrivent de partout en même temps. Si ce n'est pas via
les médias traditionnels, les activistes prennent d'assaut les Facebook,
Twitter, Tik Tok et You tube de ce monde avec l'objectif de nous
« réveiller » et de choquer. Une partie de la population se retrouve
ainsi à culpabiliser parce qu'ils ont jeté un papier aux ordures alors
qu'ailleurs dans le monde, des entreprises gaspillent à outrance. On a beau
vouloir faire notre part, le sentiment d'impuissance a le chic pour miner notre
moral.
En 2015, le pape François s'est prononcé
sur la question. Avec Laudato Si', il évoquait l'importance de protéger notre
« maison commune » et la responsabilité que nous avons face à la
Création. Depuis, plusieurs initiatives ont été mises en place en Église et
permettent aux Chrétiens de se rassembler pour agir. Le Réseau des Églises
vertes offre notamment plusieurs outils pour les paroisses qui souhaitent poser
des gestes concrets. Quant à l'Archidiocèse de Sherbrooke, un comité vert
sensibilise les diocésains et diocésaines et propose des projets.
N'empêche, l'inconnu demeure inquiétant et
quand on parle d'environnement on s'attaque directement à nos besoins de base.
En somme, on me dit que je ne pourrai plus boire d'eau, que l'air ne sera plus
respirable et qu'il n'y aura plus de nourriture.
En lisant sur la définition de l'éco
anxiété, je n'ai pu m'empêcher de faire un lien entre la situation
environnementale et celle vécue en paroisse. À l'heure où l'on voit de
nombreuses églises fermer leurs portes, plusieurs entonnent un discours
alarmiste et prédisent la fin de l'Église au Québec.
En tant que Catholique, ces oiseaux de
malheur se plaisent à me dire que je n'aurai plus accès à mon eau et à ma
nourriture spirituelle. On me suggère même de quitter cette grande institution
fraternelle puisqu'elle est vouée à une mort certaine.
Autant pour l'environnement que pour
l'Église, il m'arrive parfois d'être confrontée à des situations qui me font
dire que nous allons « direct dans le mur ». Ensuite, des jours ou
des semaines plus tard, d'autres événements me témoignent du contraire.
Au fil des années, j'ai appris à gérer ma
crainte du changement dans mon environnement. Pour ces moments où l'angoisse
est trop forte, je me rappelle qu'après tout, du moment où à ma naissance je
prenais ma première respiration, j'étais aussi vouée à mourir. Pour la suite
des choses, il n'appartient qu'à moi de profiter de mon existence pour en faire
quelque chose de productif pour les générations futures. Avec l'idée que je
n'ai pas besoin de prendre le sort du monde sur mes épaules alors que je peux
agir concrètement dans mon environnement immédiat, l'éco anxiété disparaît
tranquillement.