Diagnostiquée souffrant d'anxiété généralisée et bipolaire de type deux, Lynn Bissonnette a livré un vibrant témoignage empreint d'émotions, entrecoupé de quelques sanglots lors de sa présentation devant plus de 25 personnes au local de Virage Santé mentale, à East Angus. Cette femme, qui voit la lumière au bout du tunnel, a bien voulu parler de son cheminement dans le cadre de la Semaine de la santé mentale.
Celle qui sera bientôt grand-maman pour la première fois est mère de deux grands enfants aujourd'hui. De son propre aveu, c'est cette richesse (ses enfants) qui a été sa source de motivation pour se prendre en main et surmonter les différentes embûches qui se dressaient devant elle. « Si l'organisation (Virage Santé mentale) n'existait pas, je ne serais pas ici prête à témoigner. Je n'aurais pas fait ça il y a deux ans. J'avais perdu ma vie sociale, mes loisirs », d'exprimer avec un ton de nervosité Mme Bissonnette.
Elle raconte provenir d'une famille dysfonctionnelle où le père peu présent était alcoolique et infidèle. Enfant et jeune adolescente, elle mentionnait « j'étais en colère, je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça à ma mère. J'étais jalouse du bonheur des autres. Je ressentais de la colère, de la tristesse. J'ai fait des fugues. » Devenue mère, Lynn Bissonnette cumulait les emplois pour subvenir seule aux besoins de sa famille. « J'ai travaillé dans les bars le soir, dans les shop, j'ai été cuisinière. Je n'avais pas de pension alimentaire, mais je réussissais à m'en sortir. Ce n'est pas facile d'élever seule deux enfants ». La conférencière mentionne qu'au cours de cette période, elle avait régulièrement des up and down. Cependant, c'est lorsque ses enfants ont quitté le nid familial que tout a déclenché. « J'ai eu comme une explosion de sentiments que je ne pouvais pas gérer. »
Mme Bissonnette a eu recours à une travailleuse sociale « elle m'a fait sortir le méchant. Quand j'allais mieux, la colère revenait. J'ai été hospitalisée. J'avais honte et peur d'être jugée. Après l'hôpital, je m'isolais chez moi entre mes quatre murs. Présentement, depuis deux ans, je vais mieux. Je ne ressens plus de colère. Il y a des ressources, des gens m'ont entourée. Je me surprends à faire ce que je fais. J'ai une vie sociale, des activités, des loisirs. » Le fait d'être médicamentée pour le reste de ses jours incommode un peu la conférencière. « J'ai de la misère à accepter ça, moi qui ne prenais pas une Tylenol. Souvent, les gens font l'erreur d'arrêter leur médicamentation lorsqu'ils vont bien. Moi, je continue et maintenant, j'ai une qualité de vie. » Elle fait même aujourd'hui partie du conseil d'administration de l'organisme Virage Santé mentale.
Des intervenants présents ont souligné à l'unisson la volonté, la détermination et l'honnêteté dont a fait part la conférencière pour s'en sortir. « Tu as accepté l'aide. Tu voulais changer, tu voulais t'améliorer. Tu es la responsable de ton bonheur même si on t'a bien entourée », de mentionner Chantale Tremblay, travailleuse sociale. « Lynn, tu es un modèle de persévérance. Nous, on t'a fourni les outils, c'est la personne qui fait le travail », d'ajouter Matthieu Perron, éducateur spécialisé.
Musique
Bien que le sujet abordé était sérieux et empreint d'optimisme, les organisateurs ont fait place à la bonne humeur. Patrick Laramée, auteur-compositeur-interprète, a présenté quelques-une des ses compositions. Il a également interprété en solo et ainsi qu'en duo avec Mme Bissonnette des chansons populaires. Il a clôturé la soirée avec une de ses compositions, accompagné de sa conjointe.