L'entreprise Dessercom, forte de quelque 400 ambulanciers, s'est associée à MLX Productions, réalisateur du documentaire Sans toi, pour parler du suicide dans une vingtaine de municipalités à travers le Québec. Lors de cette neuvième sortie, à La Patrie, tous les ambulanciers s'y étaient donné rendez-vous, de même qu'une vingtaine de résidents. Quatre représentants de Virage Santé mentale participaient à la soirée.
Trop souvent confrontés à ce type de décès ou à des tentatives avortées, les secouristes en sortent affectés. Outre la victime, ils se trouvent aux prises avec des parents, des amis effondrés devant la catastrophe. Forte de ces constatations, l'entreprise de service ambulancier et de transport d'accompagnement a décidé d'offrir une activité de sensibilisation tant à son personnel qu'aux citoyens.
Émilie Bonneau, coordonnatrice des communications chez Dessercom, confiait, qu'après avoir visionné le documentaire de Mélanie L. Dion et Alexandre Hardy de MLX Productions, Sans toi, elle ferait tout en son pouvoir pour le présenter à son personnel et aux gens intéressés par le sujet dans les municipalités desservies. Sans toi raconte l'après-suicide de François-Xavier, un ami commun des réalisateurs Dion et Hardy.
Pendant plus de sept ans, avec grand respect, ils ont filmé les propos de sa mère captés à différentes époques après le décès de son fils. Incompréhension, chagrin, portrait idéalisé du jeune homme, jusqu'à l'acceptation de son geste, la dame passe par toutes les gammes des émotions possibles. Une autre maman perd sa fille, victime de harcèlement à l'école. Les cinéastes rencontrent le frère d'un gars qui «s'est manqué» et qu'on voit intellectuellement et définitivement handicapé. Ils nous présentent enfin une femme qui avait souvent attenté à ses jours et qui paraissait s'en être sortie. Pourtant, Mélanie et Alexandre apprenaient, deux ans plus tard, qu'elle avait mis fin à ses jours.
Tout au long de la projection, des experts en tout genre se sont prononcés sur le sujet. Psychologue, groupe d'intervention sur le suicide, journaliste et juge ont émis leurs commentaires. Ceux qui ont des tendances suicidaires, « leurs facultés sont affaiblies par la douleur comme le sont celles des personnes aux prises avec l'alcool », indiquait Mme Dion. « Ce qui ne s'exprime pas s'imprime », poursuivait-elle suggérant que le désespoir peut laisser des dommages permanents. Lors de l'atelier animé par Mme Dion, plusieurs sont intervenus.
Pauline Beaudry, directrice de Virage Santé mentale, indiquait qu'il ne faut pas porter la personne suicidaire, il faut la référer aux bons endroits. Il faut donner de l'espoir à ceux qui restent; un deuil, ça évolue. Mme Beaudry a tenu à rappeler que les services de Virage Santé mentale sont gratuits, qu'on y assure un suivi individuel. L'organisme offre, en plus des nombreux autres services, du soutien dans le cheminement du deuil, entre autres.