« Lève-lé carré », crie-t-il. Pousse, tire, faire la chaîne (quand on est suffisamment nombreux!), boîtes, frigo, poêle, laveuse, sécheuse, encore des boîtes... Si le déménagement était une discipline olympique, les Québécois seraient champions dans le relais des boîtes, l'arraché et l'épaulé-jeté des électroménagers, la lutte avec le futon, etc.
J'ai déménagé près de 25 fois dans ma vie. Salutations et remerciements à mon ami Jean, complices de plusieurs de ces déménagements. Sans compter les fois où je suis allé rendre la pareille à ceux qui m'avaient aidé. Expropriation, départ pour les études, départ de la maison familiale, exil pour le travail, retour, rupture, nouvelle relation, trop cher, trop petit, avec des colocs, toutes les occasions et toutes les raisons étaient bonnes pour déménager jusqu'au jour où j'ai enfin déposé mon ménage avec le sentiment que cette fois, c'était la bonne, que c'était le dernier déménagement avant un bon bout de temps. J'ai éclaté en sanglots de savoir que je ne bougerais plus avant longtemps, d'être arrivé chez nous, au bout de la chaîne des déménagements.
On dit que déménager est un des événements suscitant le plus de stress chez les gens après la perte d'un être cher, une séparation ou une perte d'emploi. Et je ne parle pas de l'anxiété qu'un déménagement peut provoquer chez les enfants ou les animaux domestiques.
Se mettre en quête ou en chasse d'un nouveau logement, consulter les petites annonces, le réseau d'amis (avant que les réseaux sociaux et Internet n'existent), sillonner les rues à la recherche d'une pancarte providentielle, négocier le bail, faire le ménage du nouveau logement, incluant souvent la peinture de A à Z, apprivoiser le nouveau voisinage, faire le ménage dans le logement qu'on quitte (pour ne pas passer pour un malotru, quand même!), le camion à dénicher, les boîtes à glaner à gauche et à droite, un chariot, parfois même des sangles (qu'il faut savoir bien utiliser), les amis et la famille à solliciter, et arrive la veille du jour fatidique.
Terminer les dernières boîtes avec toute la gamme d'émotions et de souvenirs reliés à chaque objet. À emballer et emporter vers le nouveau logement ou à mettre au recyclage?
Le spectacle commence : déménager d'un troisième étage à un autre troisième étage, monter descendre les escaliers, une fois, deux fois, cent fois, parfois en ascenseur, en hiver sous la neige et dans le verglas, en été dans la canicule la plus pesante, le matin et le soir, arriver avec son ménage avant que l'ancien locataire n'ait quitté les lieux, ou bien deux déménagements en même temps dans le même immeuble, le même escalier, quelquefois avec des pros et parfois des supposés professionnels à leur quatrième, cinquième déménagement de la journée... J'ai même déjà réussi à déménager seul, sinon pour les électroménagers, passant du deuxième au rez-de-chaussée. J'ai une amie qui, elle, a déménagé en taxi! Elle voyageait léger.
Puis enfin, commander la pizza et ouvrir la caisse de bière. Conseil : ne jamais ouvrir la première bière avant que la dernière boîte soit rendue!
Les lendemains de déménagement à s'éveiller courbaturé, dans un nouvel environnement, (Oups! je ne pensais pas que le quartier était si bruyant! Oups! le propriétaire n'avait pas indiqué dans le bail qu'il y avait des punaises de lit et/ou des coquerelles!), retrouver le grille-pain dans la bonne boîte... Le pain, lui, il est où?
Bienvenue chez vous!
Quelques chiffres
Dans la grande région de Sherbrooke, 4,7 % des logements sont inoccupés et 8,3 % de logements seraient disponibles à la location pour le 1er juillet selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).
On évalue à près de 200 000 Québécois qui déménagent chaque année au Québec et près de 70 % d'entre eux le font par leurs propres moyens sans avoir recours aux services d'entreprises spécialisées.
Durant la période estivale (mai, juin, juillet et août), Hydro-Québec a traité environ plus de 7 800 demandes de déménagement à Sherbrooke en 2013. Pour tout le Québec, Hydro-Québec a traité environ 378 000 (en 2013) demandes de déménagement, dont plus du tiers concerne des déménagements à Montréal. En 2012, durant la même période, Hydro-Québec avait traité 433 000 demandes. Les changements d'adresse représentent environ 800 000 transactions par année à Hydro-Québec.
Enfin, les résidents de Sherbrooke sont priés de consulter le calendrier des collectes des déchets pour connaître les dates où les résidus encombrants sont ramassés.
Crédit photo : thestar.com