L'affaire a éclaté la semaine dernière. Semant une insécurité qui n'est pas sur le point de s'estomper. Près de trois millions de membres Desjardins ont vu leurs données personnelles être partagées de façon frauduleuse.
De quoi semer l'émoi!
Certains constats attirent mon attention dans ce dossier.
D'abord, on savait que ça se pouvait. Je veux dire, avec toutes les cueillettes de données sur le Web, avec la multiplication de nos comptes de médias sociaux, d'abonnements, d'achats en ligne, etc., on savait que ça se pouvait que quelqu'un, quelque part, ait cette idée lumineuse(!) de vendre des données personnelles.
Et allez, avouons-le : on a tous accepté les conditions d'utilisation de ces entreprises sans vraiment les lire.
Donc, on savait que ça se pouvait. Mais là, ce n'est pas théorique. C'est un fait.
Et c'est Desjardins. La plus importante entreprise financière personnelle au Québec.
Ouch...
L'ironie s'est vite invitée au bal dansant des nouvelles sur le sujet dans les médias.
D'abord, c'est quand la dernière fois que les médias ont présenté, en titre, Desjardins comme une coopérative? Il y a longtemps! D'habitude, on dit juste Desjardins. Là, on a parlé, en titre, de la coopérative Desjardins. Ironique, me suis-je dit, que le hasard fasse qu'on parle de coopérative quand c'est une fraude !
Mais bon. Il doit y avoir des choses que je ne saisis pas. C'est souvent la sortie facile!
Puis, il y a cet avocat qui est sorti de nulle part, avec une requête en recours collectif d'une valeur de 3 milliards. Il a fait la déclaration presque au même moment où le bulletin de nouvelles finissait! Le corps était encore chaud qu'on s'acharnait sur l'héritage potentiel!
Voici l'argument massue servi par l'avocat : le président de Desjardins a dit qu'ils avaient modifié les méthodes après qu'ils ont su pour la fraude. C'est donc un aveu de responsabilité. Donc, ils savaient que ça pouvait arriver. Donc, ils ont été négligents. Payez, maintenant!
Et cet autre spécialiste, sur TVA nouvelles, qui dit « que le système informatique est vieux chez Desjardins ». Ce n'est qu'en fin de course (quand plus personne ne lit ou n'écoute) qu'il finit par dire : ça aurait pu arriver dans n'importe quelle entreprise.
Je ne sais pas si Desjardins a été négligent. Mais je sais que l'argument de l'avocat ne tient pas la route dans sa forme actuelle. D'abord, chaque semaine, une entreprise subit la fraude via un employé à l'interne. Chaque semaine, une entreprise modifie ses manières à la suite de la fraude. On modifie toujours nos manières après avoir vécu un événement négatif.
Le service à la clientèle est basé sur le fait du raffinement des manières après qu'une plainte soit déposée.
Pour le moment, je retiens trois choses.
1) C'est une sensation étrangement malveillante de penser que nos coordonnées circulent allègrement.
2) Il y a une enquête. On verra bien qui a tort : le fraudeur ou l'entreprise qui n'a pas su l'en empêcher.
3) Nous vivons dans un monde où nous sommes bien peu de choses...
Je m'explique sur le point 3.
Nous vivons dans une société du chacun pour soi où la poursuite en justice pour tout régler semble devenu une sorte de norme. Mais il y a pire : nous vivons dans un monde où le virtuel flirte avec la réalité quotidienne. Virtuellement, nous avons une identité qui devient notre permis de vivre et d'opérer en société. Et des gens se sont bien rendu compte que cette identité virtuelle avait une valeur solide! L'ironie est là aussi : une fois cette identité perdue, nous n'avons plus de valeur.
On peut varger sur Desjardins à trois mains, rien n'y fera pour moi : nous sommes toutes et tous des sans-papiers potentiels.
Clin d'œil de la semaine
Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine. Mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue
- Citation attribuée à Albert Einstein