Vous le savez maintenant, nous sommes officiellement en mode électoral à travers notre beau grand pays. Et on s'en fout. Je sais, c'est grave de s'en foutre, mais avouez que c'est tellement tentant!
Ça m'a frappé samedi. En regardant le bulletin des nouvelles locales. Le candidat conservateur dans Sherbrooke, Pierre Harvey, répond ceci à une journaliste qui lui demande : « Comment expliquez-vous le manque d'intérêt des électeurs? » La réponse est télégraphiée. Presque lue. Quelque chose du genre : « Ça va nous coûter plus de 300 millions de dollars pour cette élection qui nous est imposée par la coalition des autres partis ». C'est quoi, cette histoire de coalition, en début de campagne? C'est un mot vide qui n'évoque rien pour personne, et destiné à faire oublier que le gouvernement a été défait par une motion de censure. Pas quelque chose d'habituel. Sauf erreur, c'est la première fois qu'un gouvernement canadien est renversé par ce type de motion qui dénonce un outrage à la chambre des communes. Être défait sur un budget, c'est une chose. Mais l'être par le biais d'une motion de censure, c'est une honte en soi. En détournant le débat vers ce concept de coalition, Harper méprise le vote même qui l'a battu! Mais, lui aussi, visiblement, il s'en fout.
En regardant ce bulletin de nouvelles, je me suis dit que ce sont toutes ces réponses niaises et insipides qui font qu'il est difficile de s'intéresser à la chose politique. C'est cette habitude de ne jamais répondre franchement qui fait qu'on décroche.
Coalition... C'est supposé remplacer le mot référendum dans la vieille stratégie qui consiste à faire peur à l'électorat? Franchement... « Votre famille va bien, Monsieur Harper?» « La coalition nuit aux familles du Canada... » Vous voyez le genre de campagne qui nous attend!
Monsieur Harper a même demandé à ses communicateurs de fabriquer un bout de phrase complémentaire pour le Québec! Gentil, non? Chez nous, ce sera « la coalition de broche à foin! » Il faudrait écrire lol, à la fin de la phrase. Une émoticône serait aussi utile pour mettre un peu d'intonation dans le texte!
Cette campagne sera composée d'une série de diversions destinées à nous faire oublier la réalité. Vous êtes amateur de jeux de stratégies en communications? Surveillez bien, vous verrez des joutes intéressantes. Le prochain mois sera rempli de mots vides.
Difficile de s'enthousiasmer pour pareil début de campagne. Et moi qui me disais, naïvement, que l'occasion était belle pour monsieur Harper d'attaquer avec un projet de société dont on pourrait discuter. Les premières déclarations me rappellent que je ne suis qu'un petit électeur que des experts en communication cherchent à endormir au plus tôt. Comme les enfants, le soir de Noël : « Dors, on te réveillera juste à temps pour le vote...
Chefs des partis, monsieur Harper en tête de liste, considérez-vous l'électeur à ce point insignifiant pour ne pas lui offrir des idées, des concepts, des projets? Il vous reste un mois pour démontrer des choses. Un petit mois pour essayer de vous redonner de la crédibilité.
De mon côté, je m'engage à suivre les débats et échanges. C'est le mieux que je peux faire, mais je vais le faire.
D'ici le 2 mai, Monsieur Harper, concentrez-vous à démontrer que vous méritez votre poste. Idem pour les autres. Vous trouvez dommage que les électeurs n'aient pas beaucoup d'intérêt? Saisissez donc l'occasion pour prouver que vous ressentez un minimum de respect pour eux ainsi que pour l'institution qui vous embauche. Tiens, j'y pense, pourquoi ne proposeriez-vous pas une coalition, avec les autres chefs, sur ce sujet, Monsieur Harper?
Clin d'œil de la semaine
« Le Québec est en campagne, On sort la broche à foin! »
-Stephen Harper